Même une fillette d'à peine trois ans a eu “droit” à un lot de terrain. L'enquête de la gendarmerie sera transmise cette semaine à la justice. Décidément, le responsable de l'exécutif de la wilaya de Tiaret semble faire montre d'une intransigeance sans nom quant à l'acheminement du lourd dossier relatif à la gestion chaotique de l'agence foncière dont il est le président du conseil d'administration. Ce dernier est décidé à frapper fort et de faire parvenir le dossier entre les mains de la justice. Ce n'est d'ailleurs qu'une question de jours puisque l'enquête de la gendarmerie est d'ores et déjà ficelée. Selon le premier responsable de l'exécutif, qui intervenait sur les ondes de la radio locale, cette brûlante affaire dépasse les limites de la catastrophe en marquant, de prime abord, sa stupéfaction de trouver cette institution tentaculaire avec ses neuf antennes, dotées de quarante gardiens, où chaque responsable guidait la barque à sa manière. Sur la lancée, ce dernier n'a pas manqué de révéler que, absence de civisme oblige, certains se sont permis le luxe d'attribuer un lot de terrain à bâtir au profit d'une fillette d'à peine trois ans, ce qui ne prête à aucun commentaire. Enchaînant, le wali trouve paranoïaque que ces concessionnaires du foncier “s'attribuaient des avantages pécuniaires, voire des salaires, primes et autres indemnités, astronomiques pendant que la trésorerie de l'agence frôlait le néant”. Revenant sur le dernier sit-in observé par les travailleurs touchés par le rabattement du salaire à 50%, ce dernier trouve absurde cette action dans la mesure où les protestataires devaient s'estimer heureux d'avoir gardé le minimum quand on sait que les comptes de l'agence soufflaient le vent alors que les créances sont énormes. S'agissant de ces créances justement, le directeur général de l'OPGI, en charge du dossier pour enquête, a dévoilé leur estimation à près de 1 200 milliards de centimes. M. Abkari dira, en substance, que l'enquête ne cesse de mettre au large des incorrections tellement lourdes de conséquences comme, à titre indicatif, cette employée qui s'est octroyée pas moins de quinze lots de terrain à bâtir dont, selon une source intermédiaire, une douzaine est déjà vendue et l'un des trois autres restants a atteint l'offre de 400 millions de centimes. D'ailleurs, profondément désabusée par ces révélations et le cours de l'enquête qui risquerait d'aboutir à un “séisme”, comme veulent le qualifier certains, cette dernière avait simulé une tentative de suicide qui lui a coûtée une suspension pure et simple de son poste de travail. “Ce détail n'est que la partie visible de l'iceberg”, dira M. Abkari qui maintient que l'enquête laisse confirmer de jour en jour la folle ambition de certains responsables qui voyaient en ce domaine un bien mielleux et personnel. Pour ce dernier, le travail se fait, vaille que vaille, avec une méticulosité la plus absolue. Par ailleurs, cette affaire en cours de traitement au niveau des services de la sécurité aboutira prochainement à une instruction judiciaire. R. SALEM