La France organise, dès aujourd'hui, un pont aérien dans l'est du Tchad afin d'acheminer du “fret humanitaire” à destination des dizaines de milliers de réfugiés venus du Darfour et de déplacés tchadiens. À l'annonce de l'information, le nouveau président français devait déclarer qu'il aurait à prendre prochainement de bonnes décisions pour maintenir les moyens militaires de la France à la hauteur de ses ambitions internationales. Ce qui signifie que dans ce domaine, il ne faille pas s'attendre à des changements et que les promesses de rupture de Sarkozy ne resteront que des effets d'annonce. Le nouveau locataire de l'Elysée fera certainement ce qu'ont fait ses prédécesseurs sur le terrain des interventions à l'étranger, notamment pour la protection de sa soi-disant chasse gardée. C'est ce qu'il a implicitement affirmé à l'issue d'une visite du Centre de planification et de conduite des opérations de l'état-major des armées françaises, dont la dernière visite d'un chef d'Etat remonte à 1997. Sarkozy s'est enquis des opérations françaises à l'étranger : Kosovo, Afghanistan, Côte d'Ivoire, Liban et en Méditerranée. 12 000 soldats français sont aujourd'hui en opérations extérieures sur ces cinq théâtres principaux, dont 5 300 sous commandement national, 3 600 sous la casquette de l'OTAN, 2 000 Casques bleus et 400 sous l'égide de l'Union européenne. Ce chiffre peut monter jusqu'à 20 000 soldats de l'armée de terre en cas de besoin. À ces unités s'ajoutent les 23 000 militaires français des forces dites pré-positionnées, c'est-à-dire prêtes à rejoindre de nouvelles affectations. En réalité, ce sont au total 60 000 hommes que la France projette chaque année à l'extérieur pour ses missions. En cas de brusque aggravation de la situation internationale ou de surprise stratégique, les armées françaises peuvent, d'autre part, pouvoir engager, au service du pays, un premier élément de réaction rapide de 5 000 hommes, puis une force terrestre de 50 000 hommes sans relève, ont expliqué au nouveau président français les plus hauts galonnés dans le Centre opérationnel des interventions hors de la France. À quoi s'ajouteraient, notamment, le groupe aéronaval autour du porte-avions Charles-de-Gaulle et une force aérienne de 100 avions de combat. D. B.