Alors que l'échange de sportifs entre les deux pays dans le cadre des nombreuses compétitions n'a jamais souffert des différends politiques entre l'Algérie et le Maroc, Rabat est passé à l'acte ce week-end en empêchant ses athlètes de participer au meeting international de la ville, qui s'est déroulé jeudi dernier. Ce qui n'était qu'une simple rumeur a fini par se vérifier sur les pistes du stade d'athlétisme annexe de l'Office du complexe Mohamed-Boudiaf avant-hier, où les athlètes marocains ont brillé par leur absence. La déception était grande au sein de la Fédération algérienne d'athlétisme et du comité d'organisation du meeting international de la ville d'Alger, qui avaient pourtant fait tout le nécessaire afin que les athlètes marocains puissent rallier l'Algérie dans les meilleures conditions. En effet, selon le président de la FAA, Amar Bouras, les billets d'avion “prepaid” ont été adressés aux responsables de la Fédération royale marocaine d'athlétisme dans les délais. Il n'en demeure pas moins que contre toute attente, la compétition s'est déroulée sans la vingtaine d'athlètes marocains, ce qui a chamboulé quelque peu la programmation des courses et concours du meeting. Aucune explication d'ordre sportif ou organisationnel ne peut justifier cette défection. La raison, il faut aller la chercher du côté politique selon une source proche de la Fédération algérienne d'athlétisme. Ainsi, sur instruction venue d'en haut, la délégation sportive marocaine a dû faire l'impasse sur ce rendez-vous inscrit au programme de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Notre source a ajouté que cette hypothèse a été corroborée par un agent étranger du circuit habitué à faire participer des athlètes de différentes nationalités à ce genre de manifestations à travers le monde. D'après lui, la décision marocaine est liée aux derniers développements dans les négociations entre le Maroc et le Front Polisario à Manhasset (New York), au cours desquels Rabat n'a pas réussi à imposer aux Sahraouis son plan d'autonomie. Ce boycott sportif, car on ne peut l'appeler autrement, constitue une première entre les deux pays malgré les relations tendues, notamment depuis l'internationalisation du conflit du Sahara occidental en 1975. C'est un précédent grave, dont les répercussions pourraient s'avérer très dangereuses pour les sportifs algériens et marocains, qui sont inévitablement appelés à se rencontrer lors des compétitions régionales, continentales ou internationales dans de nombreuses disciplines. Pourtant, rien ne laissait présager de pareils développements, si l'on se fie au nombre important de participations de sportifs algériens ces derniers temps à des compétitions internationales ou régionales au Maroc. La dernière en date aura été celle des basketteuses de l'ASPTT Alger dans le cadre du championnat arabe des clubs de basket-ball à Casablanca. Une chose est sûre, les sportifs algériens n'ont jamais déclaré forfait dans une compétition organisée au Maroc, en dépit des difficultés financières de certaines associations sportives algériennes. Mieux, beaucoup d'athlètes algériens choisissent le centre d'Ifrane pour la préparation de leur saison en raison non seulement des commodités du site, mais également de la chaleur de l'accueil. Il est à espérer qu'il ne s'agit que d'une bourde sans lendemain, tant les deux peuples ont énormément de choses en commun à partager. K. ABDELKAMEL