L'opération de déplacement et de relogement des familles des Planteurs a été entamée mercredi et s'est poursuivie durant tout le week-end, prenant bien plus de temps que prévu au départ. C'est en raison du manque de moyens mobilisés comme les camions, pour emmener les familles et leurs biens vers la cité haï Yasmine et En Nour que l'opération n'a pu encore s'achever. Ainsi, depuis plus de trois jours, la réquisition des engins, et surtout des forces de police est maintenue au maximum au niveau des Planteurs. Mais, le retard dans l'avancement de cette opération tient surtout à la confusion qui règne sur place, notamment les cas importants de recours déposés par les familles nombreuses, en fait 3 ou 4 familles qui vivaient sous un même toit et à qui un seul logement a été affecté. Pour ces dernières, c'est l'attente du résultat du recours et l'espoir d'être entendues par les autorités. D'ici là, il n'est pas question, pour elles, de sortir de leurs habitations et donc pour les services de l'APC et de la daïra, la démolition est suspendue momentanément. Des agents nous ont rapporté que pour ces cas de recours, des consignes leur avaient été données “d'attendre et de ne pas les toucher”. Mais une situation d'extrême précarité et de confusion la plus totale règne pour des dizaines d'autres familles qui, depuis l'année passée, sont à la rue. Ces famille dont les cas ont été tout simplement “évacués” par les autorités locales, concernent toutes celles qui n'ont pas bénéficié d'un logement social lors de la première opération de démolition qui s'est déroulée en 2006. Alors qu'elles étaient au départ 80 familles dans ce cas, plus d'une dizaine d'entre elles, n'ayant où aller depuis des mois, chassées de la cité haï Yasmine, elles sont revenues sur les lieux de leurs anciens quartiers, réoccupant des habitations à moitié en ruine dont parfois il ne subsiste que quelques pans de murs, un plafond… Pour ces familles, la décision radicale de “les faire sortir coûte que coûte”. Considérées comme des indus occupants, elles ont été sommées de partir, et à chacun de se débrouiller. Jeudi dernier, des hommes, des femmes, des vieux et des vieilles, des enfants, ont passé leur première nuit dehors. Sur le coup, rien ne leur a été proposé pour les abriter. Ce sont des habitants du quartier, eux-mêmes en situation difficile, désemparés car dans l'attente d'une expulsion, qui se sont mobilisés pour leur apporter de la nourriture et tenter d'aider les plus vulnérables, c'est-à-dire les personnes âgées et les enfants. Que dire sur leur sentiment profond sur ce qu'ils pensent de ce pays qui les met à la rue ! F. Boumediene