Le Jijel touristique d'aujourd'hui, ce sont de belles plages au sable fin et doré, une hygiène de la cité impeccable, une meilleure fluidité sur les axes routiers reliant Béjaïa et Constantine ainsi qu'une riche offre thématique agrémentée par un parc animalier et des soirées diverses. De l'avis de l'ensemble des professionnels locaux, les ingrédients de ce cocktail royal sont derrière le boom touristique. Bien que ses belles plages fussent de tout temps réputées, jamais de mémoire de Djijeli la région n'a été aussi fréquentée comme ces deux dernières saisons estivales. Ici, on espère que le “jamais deux sans trois” se vérifiera, encore une fois, durant la campagne 2007, qui s'annonce prometteuse. En ville, à se fier aux plaques d'immatriculation des véhicules de tourisme, beaucoup de monde, venu des villes de l'intérieur du pays, se trouve dans la capitale du vieux Koutama. Les explications données par un correspondant de presse dissiperont notre étonnement. “Cette année, dès le mois d'avril, la ville a commencé à recevoir des gens de Constantine, Sétif, Batna, Biskra, Bordj et d'Alger, pour ne citer que ces villes là, qui viennent réserver des maisons pour passer leurs vacances programmées pour les mois de juillet et août”, explique-t-il. Un employé d'un très beau restaurant situé à côté de la mairie et spécialisé dans le poisson est très optimiste. “La campagne 2007 s'annonce une bonne cuvée et à Jijel, on peut même parler d'avant saison (ailleurs, on parle d'arrière saison, ndlr), du moment que les gens qui viennent à la recherche qui d'un hôtel qui d'une pension font tourner l'économie touristique locale dès le mois de mai”, se plaît-il à préciser. Le même optimisme est affiché par un garçon de café-terrasse situé juste à côté. “Avant le boom de l'été 2005, on a cru que jamais les plages de Jijel ne renoueront avec les estivants. Aujourd'hui, qui est cet Algérien d'ici et de l'émigration qui ne souhaite pas se baigner le jour dans l'ex-Casino pour veiller, le soir venu, au port de pêche ?” En effet, à Jijel, on trouve à la fois une cité animée, y compris la nuit, une population accueillante et un environnement rassurant. Les Djijelis rencontrés sont unanimes. Le coup de fouet a été donné, il y a deux saisons de cela, quand, faisant sauter de faux préjugés, M. Maâbed, fraîchement désigné à la tête de la wilaya, lancera les désormais célèbres soirées artistiques nocturnes, organisées sur l'esplanade du port de pêche. Les images de touristes, mais surtout des Djijelis, faisant la fête, qui en solo, qui en famille, dans un carde agréable et serein, diffusées sur nos chaînes satellitaires ont donné raison à tous ceux qui croient que la seule garantie pour le développement d'une industrie touristique algérienne passe par la réconciliation entre l'Algérien et les destinations locales. Pour le wali de Jijel, “indépendamment de sa nationalité, le touriste est celui qui vient passer des nuitées dans des structures adaptées moyennant des dépenses”. Ainsi, la tigresse part à l'assaut de ce gros gâteau et les Djijelis tiennent à rentabiliser économiquement cet élan. Ils sont des centaines, cette année, à recourir aux anciennes pratiques, mais avec plus de… professionnalisme. La formule de l'hébergement chez l'habitant, adaptée au contexte algérien, est de retour avec un plus qui prend en considération les nouvelles mutations sociales. Les exemples sont légion. Mohamed et Nacéra sont un couple d'enseignant habitant un immeuble à l'ex-Cavalo. Pour la troisième année consécutive, chacun d'eux ira passer le mois d'août chez ses parents pour louer leur F3 à une famille de Sétif contre la somme de 40 000 dinars. “Cette somme représente les annuitées venues à échéance de notre crédit auto”, nous explique Nacera. Hocine et ses 3 frères, tous mariés avec des enfants, laisseront cette année leurs appartements situés dans un grand immeuble, propriété dans l'indivision, en plein centre-ville à une famille nombreuse de Biskra contre la somme de 150 000 dinars. La famille de Hocine dispose d'une maison secondaire du côté de Sidi-Abdelaziz qu'elle va occuper durant les deux mois d'été. Selon notre interlocuteur, la famille a contracté une importante dette qu'elle doit rembourser. Fatima est une enseignante retraitée vivant en célibataire. Cette saison, comme ce fut le cas l'année dernière, elle passera les deux mois de juillet et août chez sa sœur pour louer son F4 contre la somme de 75 000 dinars. “Ce pactole est important pour moi, car il représente la moitié des coûts de mon voyage Omra que j'effectue chaque année depuis voilà 5 ans”, précise l'élégante ex-enseignante qui, en guise de hidjab, ne porte qu'un foulard bleu marine qui lui sied à merveille. Il semble qu'au cœur des facteurs-clés du succès de la destination Jijel, on retrouve la nouvelle approche systémique du phénomène touristique. “Je viens de choisir Jijel pour la prochaine saison surtout à cause de l'hygiène, le parc animalier, les soirées et, en dernier lieu, la plage” fait remarquer Asma, une jeune maman algéroise, médecin libérale de son état. Azzouz, commerçant installé à Béjaïa, est à Jijel, ce jour-là, pour finaliser le contrat moral qu'il a passé avec une famille de la localité de Loauana en versant des arrhes. “Les plages de Jijel sont aussi belles que celles des autres stations balnéaires du pays, mais l'ouverture du parc animalier, conjugué à l'amélioration de la circulation sur la route reliant les deux wilayas de Jijel et Béjaïa, est derrière ce choix. Le mois d'août prochain, le jour je suis dans mon commerce et le soir ici avec mes enfants qui me raconteront certainement leurs aventures sur le sable et… avec les animaux”, justifie-t-il. Loin des procès d'intention, les Djijelis s'attèlent déjà aux choses sérieuses, soit la rentabilisation des résultats des deux dernières saisons estivales pour améliorer leurs conditions économiques. Ces centaines de familles locales qui viennent d'adopter la formule relative à l'accueil chez l'habitant pour pallier le déficit en hôtellerie. Jijel est de plus en plus en croissance et engranger d'importants revenus est l'ossature d'une nouvelle architecture de l'offre touristique nationale. Il suffit de l'encadrer pour l'encourager et non la freiner. M. K.