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Une beauté sauvage… et rien d'autre
Corniche Jijelienne
Publié dans Liberté le 03 - 07 - 2009

S'il est une région où la beauté trouve toute sa signification, c'est bien Jijel, sa corniche, ses falaises et ses plages sorties tout droit du paradis. De Ziamma Mansouriah aux Aftis, en passant par le Parc national de Taza et El-Aouana, ou encore la plage Rouge, Jijel recèle des paysages qui en font un pôle d'attraction incomparable.
Avec ses 120 kilomètres de côte, la wilaya de Jijel reste l'une des plus belles destinations d'été en Algérie. L'année dernière, les plages jijeliennes ont accueilli quelque dix millions d'estivants. Pour cet été, elles devraient recevoir un peu plus. Mais dans quelles conditions ?
Nous quittons la plage de Melbou, dans la wilaya de Béjaïa, pour arpenter les falaises. La fameuse corniche jijelienne nous saisit dès son commencement par sa beauté sauvage. Il est 12h en ce vendredi de la mi-juin. Les criques sont prises d'assaut par les estivants précoces. Premiers coups de foudre et premières déceptions. La circulation est quasi impossible. Des voitures immatriculées à Sétif, Batna, Oum El-Bouaghi, Oran, Alger et Mila s'impatientent devant les feux tricolores mis pour réguler la circulation sur cet axe routier fréquenté également par les bus et autres semi-remorques. Les motos avec leur bruit assourdissant circulent telles des abeilles le long de la corniche.
Toutes les criques, toutes les plages sont prises d'assaut par les premiers estivants. Sur cette corniche sinueuse et envoûtante, les espaces de stationnement sont très rares, et il faudrait être du coin sinon prendre de gros risques pour garer sa voiture. “Dès que j'entame la corniche, je n'ai qu'une seule envie, garer ma voiture et plonger dans la grande bleue”, nous confie Samir, un émigré originaire de Mila, pour qui une baignade dans les plages jijeliennes constitue presqu'un pèlerinage annuel. L'ambassadeur du Canada, qui avait fait la traversée de la corniche dernièrement, avait confié à ses hôtes : “J'ai le souffle coupé !” Il y a de quoi. Des efforts ont été consentis pour agrandir, par certains endroits, la route de la corniche. Le tunnel des Grottes merveilleuses est une réalisation dont la wilaya pourrait être fière. Seulement, de l'avis des puristes et des défenseurs de la nature, cela constitue une agression, surtout que l'ancien pont arpentant la rivière et qui donne sur l'entrée des Grottes merveilleuses est désormais une relique.La route reliant la ville de Jijel à Constantine, via le gigantesque barrage de Bouharoun, connaît, elle aussi, des travaux d'extension. Cette route sera le véritable poumon économique de la wilaya, sachant qu'elle permettra de désenclaver l'immense port de Djendjen, désormais géré par les ports de Dubaï. Les autorités locales ont beaucoup investi dans la côte. Après l'aménagement du port de Ziamma Mansouriah et son rattachement à l'îlot, le port de la ville de Jijel a été également aménagé, en attendant l'achèvement des travaux de réalisation du port d'El-Aouana.
Lieu de villégiature pour les familles
Le port de Jijel, jadis un dépotoir des rejets de la ville et un coin infréquentable, est devenu un lieu de villégiature pour les familles. Dommage qu'il ne dispose que d'une minuscule buvette perdue dans cet immense espace inexploité. Les pêcheurs auraient signifié leur refus de voir s'installer des restaurants dans l'enceinte portuaire, à l'image du port de Djamila (ex-La Madrague), par peur de voir leur matériel de pêche détérioré ou dérobé. La plage Kotama (ex-Casino), au centre-ville, a été rouverte au public au grand bonheur des familles. C'est l'une des rares plages se trouvant en plein centre-ville. Par le passé, les eaux usées s'y déversaient. Mais les autorités locales ont décidé d'y construire une station d'épuration et d'aménager la plage devenue une véritable fierté pour la ville. L'hôtel Kotama retrouve peu à peu son lustre d'antan. Mais il a besoin d'un sérieux coup de toilette pour recevoir la clientèle dans des conditions acceptables. La partie ouest du centre-ville a été également aménagée pour servir de lieu de promenade et de repos pour les familles. Mais pour l'heure, les rares gargotes qui s'y sont installées n'offrent pas grand-chose et restent étrangement désertes. Ce qui frappe à Jijel, c'est le nombre insignifiant d'infrastructures hôtelières. Pour une wilaya touristique, seule une dizaine de petits hôtels sont en activité, dont la plupart restent loin des normes requises, notamment en matière d'hygiène et de qualité des prestations. Quant aux prix, ils restent exorbitants, au regard des prestations : une chambre double à 3 000 dinars minimum, avec les moustiques et les mauvaises odeurs en supplément.
Tout le long de la corniche, pas l'ombre d'un hôtel. Tous les hôtels sont concentrés au centre-ville. Un seul camping est prévu du côté d'El-Aouana, alors que la côte est de Jijel devrait abriter plusieurs campings, en raison de la disponibilité des terrains, contrairement à la corniche. Le fameux projet de la société américaine Panorama, qui devait édifier un complexe touristique à El-Aouana, semble avoir été abandonné. La société américaine n'a plus donné signe de vie depuis deux ans.
Manque d'infrastructures hôtelières
Ce manque d'infrastructures hôtelières fait le bonheur des familles aux revenus modestes. Les locations d'été font fureur à Jijel. Ici, pas besoin d'agences immobilières ou d'annonces collées aux cafés. Le bouche à oreille fonctionne à merveille. La plupart des Jijeliens habitant Alger ou les grandes villes louent leurs maisons à leurs connaissances, histoire de ne pas avoir de mauvaises surprises. Les autres, qui habitent sur place, préfèrent louer et veiller sur leurs demeures. Certains louent des niveaux de villas, d'autres des appartements, mais restent quand même sur place. Rabah, la cinquantaine, employé dans l'éducation, loue sa petite maison près de Kaous, à une dizaine de kilomètres du littoral. Il dort dans le jardin. “Je loue la maison meublée à 2 000 dinars par jour. Je dois veiller sur mes invités et sur ma maison”, nous lance-t-il avec un malin sourire. Même les garages sont loués en été à des groupes de jeunes qui ne peuvent pas se payer une place dans un camping. Le port est également pris d'assaut par les estivants occasionnels, qui préfèrent y passer leur nuit en toute sécurité, sans avoir à débourser de l'argent.
Et les familles dans tout cela ? La population de Jijel est réputée pour être conservatrice. Sur les plages, pas de trace de bikinis. Ici, c'est le royaume de la gent masculine. Pourtant, des familles sont présentes sur la plage de Kotama, juste en face des bars. “Les familles de Jijel vont vers l'Ouest, dans les criques de la corniche, loin des regards indiscrets”, nous dit un connaisseur de la région, qui ajoute que “ce que vous voyez sur la plage de Kotama, ce sont des familles venues des autres wilayas.”
Hostilité vis-à-vis des étrangers ? Les Jijeliens s'en défendent, même s'ils trouvent un malin plaisir à taquiner leurs voisins de Mila sur lesquels chaque jour une blague est inventée. Cependant, force est de reconnaître qu'à Jijel, la culture du tourisme n'a pas encore sa place. Vendredi soir, seul un restaurant était ouvert. Faute de clients, les autres préfèrent baisser rideau. Même pour les Jijeliens qui ont envie de sortir manger le soir, il est de coutume d'aller jusqu'à la limite est de la wilaya de Béjaïa pour passer une bonne soirée. Les hôteliers de Jijel ne semblent pas avoir saisi l'importance du tourisme. Aucun effort n'est fait pour entretenir leurs infrastructures ou, du moins, assurer à leurs clients un minimum d'hygiène. L'hôtel où nous avons séjourné est idéalement situé en face du port. Il est fréquenté par des familles, mais surtout, en cette période, par les nouveaux mariés. Pourtant, l'odeur qui se dégage de ses salles de bain ferait fuir les plus téméraires des vacanciers. Le préposé à la réception nous annonce, tout sourire, que les prix allaient augmenter avec l'arrivée de l'été. L'hôtel affiche déjà complet. Y aura-t-il une formule pour les estivants ? “Rien, ils payent plus et s'ils veulent manger, le restaurant sera ouvert tous les jours, sauf le vendredi. Bien sûr, ils doivent payer un peu plus cher au restaurant pendant l'été.” À Jijel, on n'a pas encore compris que le tourisme était une industrie qui faisait vivre des pays entiers. Ici, on continue à se préserver jalousement de “l'invasion des étrangers”, alors que sous d'autres cieux, on se targue d'attirer le maximum de touristes.


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