Pour Yazid Zerhouni, une coopération régionale et internationale est toujours la bienvenue. Au sujet d'une éventuelle coopération entre les pays du Maghreb dans la lutte antiterroriste, Nourredine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, faisait état, samedi dernier, en marge de la visite du président de la République dans la wilaya de Mostaganem, de l'existence d'une initiative dans ce sens. Confirmant ainsi les propos de Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), qui soulignait peu de temps avant qu'“il y a une coopération étroite et solide entre les pays du Maghreb en matière de lutte contre le terrorisme. Notamment depuis les derniers attentats qui ont ciblé le Maroc”. Toutefois, le ministre de l'Intérieur ne manquait pas de préciser que l'Algérie a toujours combattu le terrorisme et “continuera à le faire”. Le langage de Zerhouni est certes on ne peut plus diplomatique, mais il s'inscrit quand même dans une déclinaison aux forts accents de “mise de certaines pendules à l'heure”. En effet, le ministre ne semble pas trop s'en formaliser, surtout quand il insiste à dire qu'une coopération régionale et internationale dans ce contexte “est toujours la bienvenue”. Manière, dirions-nous, moins triviale de signifier que l'Algérie ne s'en est pas trop mal tirée, même quand la communauté internationale lui a tourné le dos. Même quand le Maroc abritait par exemple Layada et ses complices. Et même quand le sol du voisin était utilisé par le GIA pour mener des attaques terroristes contre l'Algérie, mais aussi comme lieu de transit de l'acheminement des armes et munitions vers les maquis algériens. À ce propos, il ne sera peut-être pas inutile de faire un clin d'œil à Driss Basri qui se rappelle au bon souvenir du royaume chérifien au moment où Mohammed VI fait table rase d'un passé pas aussi lointain, où “le Maroc encore à l'abri du terrorisme utilisait le GIA pour faire pression sur l'Algérie” (dixit Basri). La déclaration de ce samedi du ministre de l'Intérieur vient en fait réitérer la réponse officielle de l'Algérie au roi Mohammed VI qui avait appelé à une coopération de tous les pays du Maghreb pour lutter contre le terrorisme après les attentats d'Alger et les explosions de Casablanca. “Nous sommes prêts à travailler avec tous les dirigeants des cinq Etats du Maghreb pour assurer la protection de nos peuples et de nos pays et les prémunir des risques et des périls de les voir se muer en base de terrorisme hideux et exécrable”, affirmait-il dans un message au président algérien Abdelaziz Bouteflika. Plutôt un cri de détresse qu'il lançait aux Algériens : “Les actes terroristes n'ont pas atteint la seule Algérie, car nous estimons que votre deuxième pays, le Maroc, compte parmi les cibles visées.” Certains n'hésiteraient pas à dire que depuis le regain d'activité des groupes terroristes sur son territoire, le Maroc est en train de hâter “le Maghreb du terrorisme” devançant ainsi, ce qui ressemble à s'y méprendre à un vœu pieux, “un Maghreb prospère et résolument orienté vers le développement intégré”. Touchées pour la première fois par le phénomène “des kamikazes” en mai 2003, lorsque cinq attaques-suicide ont fait 32 morts à Casablanca, les autorités marocaines n'avaient pas hésité à évoquer l'implication de terroristes algériens. Il est vrai qu'en ce moment chez nos voisins, on parlait volontiers de l'internationalisation du terrorisme. Cependant, on croyait encore que dans la sous-région, il restait un phénomène toujours circonscrit dans ce vaste “laboratoire”, comme aimait à le qualifier le défunt Hassan II, l'Algérie aux moments les plus douloureux. Voilà qu'au début du mois de juillet, le roi du Maroc propose au président Abdelaziz Bouteflika une “coopération bilatérale solide” pour lutter contre cette menace dans la région. Le souverain fera part de son engagement total pour vaincre le terrorisme. “Où, serions-nous tentés de l'interroger, au Maroc ou en Algérie ?” “La paix et la stabilité de l'Algérie voisine, avec laquelle nous veillons à entretenir des relations de bon voisinage permanent, font partie intégrante de la sécurité du Maroc”, devait relever le souverain chérifien. Comme quoi “le Maroc a tout à gagner en partageant des frontières avec un pays ayant vaincu l'extrémisme religieux et le terrorisme”. Pour reprendre les propos d'un observateur averti. Zahir Benmostepha