Avec une population de 17 000 âmes et répartie sur 18 villages, la région de Ouaguenoune (15 kilomètres au nord-est de la ville de Tizi Ouzou) compte recouvrer sa vocation agricole qui a fait sa renommée jadis. L'Assemblée populaire communale vient de se doter d'un “plan directeur de développement intégré”, fruit d'un travail de concertation très large dont les grandes résolutions ont été adoptées lors de l'assemblée générale du conseil consultatif communal de Ouaguenoune tenue, mercredi dernier, au siège de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou. Un organe de proposition et de réflexion composé de représentants des comités de village, associations corporatistes et culturelles ainsi que des compétences locales. Au côté des secteurs de la culture, du tourisme, de l'industrie, de la santé et autre aménagement urbain, le volet agriculture a pris, tout naturellement, une part de choix dans le volumineux document portant sur le développement de la commune de Ouaguenoune à court, moyen et long terme. Ainsi, la surface agricole utile (SAU) de cette commune est de près de 790 ha, sur un territoire total estimé à plus de 3 970 ha et dont les quatre cinquièmes sont des terres à vocation agricole. Mais l'irrigation ne couvre plus que 180 ha sur les 450 irriguables, alors que 36% de la SAU est en jachère ! Pour preuve de la décrépitude de la vocation agricole de cette commune, le rapport de synthèse présenté et proposé pour adoption indique que la production de pommes de terre est de 364 quintaux annuellement et ne couvre que 12% des besoins locaux. Au plan local, l'agriculture a souffert de manque de stratégie et les fellahs endurent d'énormes difficultés à commercialiser leurs récoltes face à la concurrence et aux spéculations étrangères. Une situation qui a poussé ces producteurs à se rabattre sur un travail artisanal et traditionnel, notent les trois universitaires ayant animé l'atelier de “Stratégie de développement” du conseil consultatif de l'APC de Ouaguenoune. Au chapitre des constats, l'on souligne, par ailleurs, que le barrage de Djebla, produit de “la révolution agraire” avec une capacité de 3,5 millions de m3 et dédié à l'irrigation, est actuellement envasé. Par conséquent, la localité accuse un déficit de 1 million de m3 en la matière car les besoins sont estimés à 60 l/h/J. Ce périmètre d'irrigation n'est, donc, plus viable et souffre d'une gestion défaillante aux plans financier et opérationnel. L'envasement de cette réserve d'eau est tel que 1,5 million de m3 seulement sont exploitables sur sa capacité initiale. À ce propos, le secrétaire général du comité de village de Djebla a souligné, lors des débats, que “les équipements hydromécaniques de la station d'irrigation de Djebla sont inexistants alors que la station elle-même est en ruine”. Pour l'heure, une demi-douzaine de motopompes arrive à en soutirer de maigres quantités d'eau pour arroser des champs très proches. Ainsi, toute reprise agricole devrait viser l'arboriculture, l'élevage et le maraîchage ainsi que la revalorisation des espaces agricoles, selon les conclusions de ce conseil consultatif. L'irrigation devrait être relancée par une meilleure mobilisation des eaux de surface, la réalisation d'un deuxième barrage, de retenues collinaires, l'aménagement des points d'eau et sources et surtout l'extension du réseau d'irrigation. Un soutien financier aux agriculteurs autochtones est aussi impératif qu'urgent, relève-t-on. Dans un premier temps, il est recommandé d'aller vers la réalisation de sept périmètres de proximité pour le développement agricole (PPDR) sur un total de 1 350 ha. Et d'ores et déjà, deux PPDR sont en cours de réalisation dont le plus important est celui de Djebla sur 350 ha, note-t-on. Le nouveau barrage est projeté au lieudit Ighzar n'Temda avec une capacité de 2,5 millions de m3. Il sera à cheval entre les localités de Boudjima et Ouaguenoune et vise l'irrigation et l'alimentation en eau potable de ces régions. Les PPDR envisagés nécessitent la réalisation de trois retenues collinaires totalisant 100 000 m3. Pour sa part, le président de l'APW de Tizi Ouzou a suggéré d'intégrer la santé animale à cette prospective ainsi que le recours aux eaux usées traitées et purifiées pour l'irrigation. Complétant cette étude prévisionnelle multisectorielle, il est recommandé d'installer une zone industrielle entre Timizart et Ouaguenoune pour promouvoir l'industrie agroalimentaire, notamment la transformation, le conditionnement tout comme la réalisation d'un technopole universitaire orienté vers les études et recherches en agroalimentaire à Temda. Ce qui serait de nature à redynamiser l'économie d'une commune, aujourd'hui exsangue avec un taux de chômage estimé à près de 20% et une population active de 27%. Intervenant en sa qualité de président de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura, M. Medjkouh a insisté sur l'impératif de “rendre la commune de Ouaguenoune attractive aux yeux des investisseurs. Il faut aller vers l'intercommunalité pour mener à bien vos projets de développement”. Abordant la zone industrielle de Tala Athmane, il en appelle à “la délocalisaiton des marchés implantés près des zones industrielles et d'activité”. M. Medjkouh précise également que “les investisseurs portent là où les commodités existent et où l'environnement des affaires est propice”. Maintenant, charge aux élus locaux de concrétiser ce “plan directeur de développement intégré”. Mais ceci est déjà une autre histoire. ABDENOUR BOUHIREB