M. El-Hachemi Djaâboub précise que la politique de subvention prônée par l'Etat pour les deux produits sera maintenue “quel que soit leur prix sur le marché mondial”. Il n'y aura pas d'augmentation du prix du lait ni celui de la baguette de pain. Le ministre du Commerce, M. El-Hachemi Djaâboub, en animant hier une conférence de presse met fin ainsi à la rumeur sur l'abandon par le gouvernement des subventions pour les deux produits stratégiques de large consommation. Dans un communiqué lu devant les journalistes, le ministre du Commerce “rassure les citoyens” sur le maintien et la poursuite de subvention pour le lait et le pain, malgré l'envolée des prix des céréales et de la poudre du lait sur le marché mondial. “C'est une décision du gouvernement”, insiste M. El-Hachemi Djaâboub, ajoutant que cette politique de subvention pour les deux produits sera maintenue “quel que soit leur prix sur le marché mondial”. Le Trésor public continuera à prendre en charge le différentiel du prix. Le prix de la baguette de pain ordinaire ne connaîtra pas de hausse et restera cédé à 7,50 dinars et celui du pain amélioré à 8,50 dinars la baguette. L'Office algérien interprofessionnel des céréales avait déjà indiqué que le prix de cession du blé tendre destiné à la production de la farine panifiable est maintenu à 1 285 DA par quintal, et assure que les minotiers “continueront à être régulièrement approvisionnés à concurrence des quantités fixées au titre de la régulation”. Sur le même registre, concernant le lait, le ministre du Commerce réitère les engagements de l'Etat. La subvention pour ce produit sera maintenue, en attendant la mise en place de l'Office national du lait. “L'Etat assure ainsi au citoyen l'achat de ces produits aux prix subventionnés, soit 25 dinars le sachet de lait et 7,50 pour le pain ordinaire et 8,5 dinars pour le pain amélioré”, estime le ministre du Commerce. Le Trésor continuera à payer 15 dinars pour chaque sachet de lait pour les transformateurs, prenant en charge ainsi les pertes des producteurs dues à l'envolée des prix de la poudre de lait sur le marché mondial, qui ont atteint 5 600 dollars la tonne. Environ 90 producteurs de lait ont été indemnisés pour les trois mois de mars, avril et mai pour un montant estimé à 4 milliards de dinars. Le ministre du Commerce rappelle avoir reçu une délégation de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). “Le Trésor public maintiendra le paiement du différentiel pour les mois à venir en attendant la mise en place de nouvelles mesures”, les a-t-il rassurés. “Les membres de la délégation de la Cipa se sont déclarés satisfaits”, ajoute le ministre. En matière de lait, indique M. Djaâboub, l'Algérie consomme environ 3,5 milliards de litres par an. La production locale est estimée à 2,2 milliards de litres. Il y aurait 900 000 vaches laitières. Le talon d'Achille réside dans la collecte. Seuls 250 millions de litres sont collectés. Deux milliards de litres ne le sont pas. Et puis le lait cru est subventionné à hauteur de 7 dinars le litre. L'année passée, l'Algérie a importé pour 600 millions de dollars de poudre de lait et de MGLA. “Il n'y a pas de pénurie de lait”, souligne le ministre. “Les prix du pain et du lait, c'est décidé, ne seront pas libérés”, insiste M. Djaâboub. La préoccupation actuelle du gouvernement est comment faire face “à l'emballement des prix”. “Peut-on arriver à l'autosuffisance en matière de lait ?” s'interroge le ministre qui annonce la tenue prochaine d'un troisième Conseil interministériel consacré à la mise en œuvre d'un programme de développement de la filière lait. M. Djaâboub évoque le projet d'importation de génisses pleines pour reconstituer le cheptel de rendement appréciable. Deux tiers du cheptel actuel, selon le ministre du Commerce, paraphrasant son collègue de l'agriculture, sont d'un rendement très mauvais. C'est un programme qui devrait s'étaler sur trois à quatre années, avec l'importation de vaches laitières de bon rendement et faire des fermes modernes. Le ministre du Commerce estime que de grands investisseurs sont annoncés. Pour la pomme de terre, le ministre reconnaît que les prix de ce produit ont atteint des seuils inimaginables. Le gouvernement a abordé à deux reprises la question durant les Conseils interministériels. Pour autant, l'importation n'est pas une solution, du moins dans l'immédiat. Le prix, une fois le produit vendu sur le marché algérien, n'est pas compétitif. 25 000 tonnes ont été importées entre juillet et début août. Malheureusement, avec le fret et 30% pour les droits de douanes et 7% de la TVA, la pomme de terre arrive au port d'Alger à 38 dinars, cédée sur le marché local à 55 dinars. Le ministre du Commerce parle d'une feuille de route établie par le gouvernement. Il s'agit de la recherche d'un substitut à la pomme de terre, d'observer les prix suite aux opérations d'importations. Au-delà, “le maximum serait de demander une ordonnance pour charger le droit de douane, c'est de demander à l'OAIC d'importer la pomme de terre et de la revendre à des prix raisonnables”, explique M. Djaâboub, précisant que les mêmes mesures seront prises pour les semences. S'agissant du processus de négociations pour l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce, le ministre a transmis un document de travail au Chef du gouvernement, aujourd'hui, pour que le comité gouvernemental chargé du suivi de l'accession à l'OMC se réunisse et donne son aval. Le ministre espère ainsi conclure avec six pays. Meziane Rabhi