Liberté : Quelques jours après votre annonce de vous retirer de la présidence de l'ESS, pouvez-vous revenir sur les véritables raisons qui vous ont poussé à prendre cette décision extrême ? Abdelhakim Serrar : Ce que j'ai déclaré exclusivement dans les colonnes de Liberté mardi soir, je le réitère aujourd'hui. C'est eu égard à la situation délétère dans laquelle se trouve le club, notamment les tiraillements au sein de l'association, que j'ai décidé de jeter l'éponge, car il m'est impossible dans l'état actuel des choses de gérer le club. J'ai préféré m'en aller et donner le temps aux autorités locales de trouver la meilleure formule pour élire un nouveau président. Avez-vous officiellement remis votre démission à la DJS de Sétif puisque d'aucuns parlent d'un coup de colère ? Bien sûr, je l'ai faxée mardi passé au DJS, dans laquelle j'ai préconisé l'installation d'un directoire pour gérer les affaires courantes en attendant la tenue d'une AGE pour l'élection d'un nouveau président. Est-il vrai que le wali de Sétif a refusé votre démission ? Franchement, cela m'étonnerait dans la mesure où le wali se trouve toujours en vacances. Je n'ai pas eu vent d'une telle information. Une chose est sûre, ma démission se trouve au niveau de la DJS. Elle est irrévocable. Est-ce qu'il n'y a pas d'autres raisons qui vous ont poussé vers la sortie ? Je ne sais pas ce que vous voulez insinuer par là, mais je vous l'ai déjà dit, je n'ai plus le goût de travailler à la tête de l'ESS. Trop de manipulation et de destructeurs rôdent autour du club. On a évoqué le retour de Hacen Hamar comme l'une des raisons de votre démission ? C'est complètement faux, je n'ai rien contre Hamar, c'est un ami qui a géré avec nous le club les saisons passées, après il est parti de son propre chef. Ce n'est pas le retour de Hamar qui m'a poussé à partir. On a appris qu'une tentative de médiation a été faite par le biais de Nabil Bousekine, un journaliste bien connu à Sétif, qui s'est déplacé jeudi à Tunis pour tenter de vous dissuader de partir… C'est vrai, Bousekine est venu me voir pour me demander de revenir sur ma démission. J'ai évoqué les raisons de mon départ. Je sais que toute la ville de Sétif est inquiète à ce sujet, moi aussi je dois voir ce qui m'arrange. La situation est pourrie, il est impossible de continuer. J'ai beaucoup réfléchi avant d'annoncer mon retrait, croyez-moi ce n'est pas facile de vous annoncer mon retrait définitif et irrévocable de la présidence de l'Entente. Je voulais déjà me retirer à l'issue de la saison passée, mais des gens ont insisté pour que je poursuive ma mission jusqu'au bout. Je ne suis pas quelqu'un qui fuit ses responsabilités, je les ai toujours assumées jusqu'au bout. Je me retire en laissant un club debout. Le recrutement est assuré, les joueurs sont payés, l'équipe se trouve dans les meilleures conditions… J'ai donc préparé le terrain pour mon futur successeur qui n'aura pas de problèmes à gérer le club. En outre, chose importante, je ne laisse pas les caisses vides. On parle justement de 6,5 milliards de centimes dans les caisses du club… Absolument, le montant est presque juste. Vous voyez que je ne suis pas de ceux qui disent “après moi, le déluge”. Ces derniers temps à Sétif, des tracts circulent demandant aux supporters de soutenir la candidature de Walid Sadi pour la présidence du club. Quel est votre commentaire ? Vous me donnez là une belle occasion de mettre les choses au point. Walid Sadi a donné beaucoup au club, il n'a ménagé aucun effort pour l'équipe, le temps est donc venu pour qu'il se mette en exergue. Je demande, à partir de Tunis d'où je vous parle, à toute la famille de l'Entente de soutenir cette candidature et de pousser Sadi pour qu'il soit élu président de l'ESS. On ne trouvera pas mieux que lui à Sétif. Il faut que tout le monde soit derrière lui. Sadi s'est retiré parce qu'il a compris qu'un complot se tramait contre lui, des gens ont voulu le casser, ils ont tout inventé pour le pousser à partir, finalement il a craqué. Aujourd'hui, il est le seul candidat à Sétif à pouvoir prendre en mains le club, c'est pour cela qu'il faut le soutenir à fond. Certains ont évoqué une manœuvre de votre départ pour des desseins inavoués ? Je ne prête pas trop d'attention à ces racontars, je ne suis pas le type à me dérober. J'ai toujours assumé mes responsabilités jusqu'au bout. Souvenez-vous lors d'une soirée où l'on s'était fait éliminer par les Saoudiens à Sétif en Coupe arabe, plus d'un millier de supporters sont montés chez moi pour me menacer, je ne me suis pas dérobé en les affrontant. Aujourd'hui, j'ai un championnat et une Ligue des champions arabe dans mon palmarès, et vous voulez que je me dérobe ? C'est complètement débile. Je suis fatigué et éreinté, je n'en peux plus. Je vais m'occuper un peu de ma famille et de mes affaires que j'ai délaissées. J'estime avoir donné le meilleur de moi-même. Vous savez, je n'ai pas l'âge ni le temps d'entrer en conflit avec les gens. Il y a des personnes qui veulent la destruction de ce club, c'est terrible, mais je dois laisser ma place propre, comme ça on ne dira pas un jour que Serrar a abandonné le club. Rachid Salhi, dit-on, est pressenti lui aussi pour vous succéder… Je ne le pense pas. Salhi est un type qui a aidé le club, il faut lui reconnaître ça, mais il ne peut pas le gérer. Au risque de me répéter, il n'y a que Walid Sadi qui est apte à prendre ma place. Je sais de qui je parle, car je connais tout le monde. Il paraît aussi que certains joueurs ont ajouté leur grain de sel quant aux informations concernant l'entraîneur que vous avez recruté, à savoir le technicien suisse Charles Roessli ? J'ai eu vent de cette information, ce ne sont pas tous les joueurs, ce sont juste deux ou trois, que je qualifierai de brebis galeuses, qui sont à l'origine de cela. Mais ils ne réussiront pas leur coup, car on va les démasquer tôt ou tard. Entretien rEalisé par Rachid AbBAd