Il aura été bien curieux cet énième voyage de la JSK en Afrique même si le court déplacement dans le “Maroc frère” d'à côté est une petite balade de santé surtout en cette phase cruciale de Ligue des champions d'Afrique où deux clubs voisins, de renommée bien établie, en l'occurrence les FAR de Rabat et la JS Kabylie, sont déjà affalés sur le carreau. En tout cas, ce voyage en terre chérifienne, les Kabyles l'auront effectué sans trop de pression particulière, car l'on ne sait trop si la qualification relève encore de la réalité palpable ou si l'élimination pure et simple est pratiquement presque consommée pour les Algériens et davantage pour les Marocains. Toute la “bande à Saïb” à Rabat En ce mercredi de canicule, où l'air était tout simplement irrespirable, les Canaris avaient bien du mal à rallier l'aéroport Houari-Boumediène, non pas que cette chaleur torride n'incitait guère au déplacement mais parce que cette dernière manche des poules de la Champion's League était difficilement négociable dans la mesure où les camarades de Chaouchi ne savaient pas s'ils allaient accomplir une simple formalité ou au contraire tenter de relever un grand défi sans trop y croire. C'est toute cette gymnastique, teintée de frustration et de calculs à n'en plus finir, qui donnait la nette impression de désarçonner une formation kabyle très souvent habituée à relever de grands défis et à tenter le diable même dans des conditions difficiles sur le double plan mental et sportif. Toujours est-il que pour bien voyager, la JSK a pour habitude de soigner son image de marque au pays comme à l'étranger, et à l'occasion les Canaris s'étaient parés d'une nouvelle tenue de parade et d'un nouveau “look” offerte par leur équipementier habituel Lotto, pour ne pas le nommer. C'est donc une joyeuse colonie de vacances à laquelle on a eu droit mercredi matin, jour de départ dans la somptueuse nouvelle aérogare de Dar El Beïda. Les visages sont détendus et toute l'armada kabyle est pratiquement là puisque Moussa Saïb était décidé à emmener tout son beau monde, y compris les deux défenseurs suspendus Meftah Rabie et Zafour Brahim, le vétéran et capitaine d'équipe, tout comme les néo-Kabyles non qualifiés pour la Coupe d'Afrique, à l'image de Nassim Dehouche, l'ex-Béjaouie, Yacine Amaouche, le revenant, Samir Bouregba, le repêché, et Adlane Bensaïd, le tout nouveau Canari. “C'est pour souder davantage le groupe et les faire travailler que nous avons décidé de les ramener avec nous. De plus, c'est une façon de les motiver car il ne faut pas oublier les exigences du championnat qui vient de débuter”, nous explique Saïb quant à ce choix fort judicieux. Et si le vol Alger-Casablanca était prévu pour 12h25, il finira par enregistrer quand même une bonne heure de retard mais l'ambiance était au top et les taquineries des uns et des autres étaient de mise. Visiblement distraits et toujours amusés par de tels titillements, les deux Maliens Demba Barry et Issa Traoré rient aux éclats même si leur compère, le Béninois Wassiou, ne fait pas partie du voyage car toujours en rééducation après sa fracture de l'avant-bras. L'autre absent de marque est le défenseur axial Sofiane Herkat qui a déclaré forfait en dernière minute pour soigner ses adducteurs. L'absence du sympathique Sofiane est perceptible et son forfait donne bien des soucis à Saïb. Car avec les suspensions de Zafour et Meftah et le récent départ de Meftah Rahim, Moussa Saïb a déjà bien des soucis pour son compartiment défensif. Hannachi stimule ses joueurs Retenu par des obligations familiales, le président Hannachi n'est pas du voyage à Casa, ce mercredi, mais il finira par rejoindre ses poulains le lendemain jeudi. Mais tout cela ne l'empêchera pas d'être présent au départ de l'équipe. Il s'inquiète de la santé de ses joueurs, des formalités d'usage et de tout ce qui touche à l'humeur du jour. Dans la cafétéria de l'aéroport Houari-Boumediène, il va serrer la main de tous ses joueurs avant de s'attabler avec son staff. Tout autour de lui, Moussa Saïb, le coach, Aziz Benhamlat, le manager, Amar Mekhtour, le vice-président et chef de délégation mais aussi Lyès Izri, l'entraîneur des gardiens de but, sans oublier, bien évidemment, les deux complices habituels Rachid Guillou, le kiné, et Samir Kahi, le responsable du matériel. Les discussions vont bon train et les avis de qualification pour les demi-finales de la Champion's League sont partagés entre quelques lueurs d'espoir et de gros signes de réticence. “L'essentiel est de réussir une bonne prestation à Rabat, puis on verra !” est le sentiment général qui se dégage de toutes les discussions à bâtons rompus. “L'année dernière, nous n'avons récolté que quatre points en poules de cette Ligue des Champions, cette année, nous avons fait mieux puisque notre compteur est à six points en attendant mieux pour ce dernier match à Rabat. La Champion's League n'est pas une mince affaire et je pense que nous peaufinons notre apprentissage d'année en année”, dira à son tour le président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi, qui accompagne tous ses joueurs jusqu'à l'avion de la Royal Air Maroc pour leur souhaiter un bon voyage et les exhorter à réussir un bon résultat en terre marocaine. Un bon voyage, un beau climat Initialement prévu à 12h25, le vol régulier de la RAM reliant Alger à Casablanca accuse plus d'une heure de retard car aux dernières nouvelles, il vient de Montréal. Au décollage, enfin consommé à 13h40, l'ambiance est à son paroxysme. L'appareil est plein à craquer car au mois d'août, le Maroc est une direction très convoitée par les touristes mais aussi par nos “émigrés canadiens” qui ont passé de belles vacances au bled avant de regagner le lointain Canada, direction Montréal, Québec ou Ottawa, peu importe. Certains de ces passagers “algéro-canadiens” sont tout heureux de voyager avec la JSK. Deux ou trois familles originaires de Kabylie ne ratent pas une si belle aubaine et se payent de belles photos souvenirs avec les joueurs. Quelle chance ! Quelle providence ! Un petit blondinet multiplie les va-et-vient entre Kheddis, Oussalah et Saïb. L'ex-Annabi, Athamani, est très vite adopté par une fillette de trois ans sous le regard amusé de sa maman. Le service à bord est bien assuré même si le repas proposé n'est pas du tout consistant, ce qui fait grogner quelques joueurs très souvent habitués aux grosses compensations diététiques et énergétiques. Le léger toast avalé à vitesse grand V, les Canaris sortent tout leur arsenal de loisirs, du walkman jusqu'au lecteur DVD en passant par toutes sortes de jeux électroniques. Le voyage Alger-Casa est court, très court même, 1h40 de vol à peine, ce qui n'a rien à voir avec les véritables périples déjà vécus au Cameroun, au Ghana ou au Nigeria qui ont souvent nécessité de nombreuses nuitées et escales dans divers aéroports du continent et bien évidemment des dizaines d'heures de vol sur toute l'Afrique. Dès que le commandant de bord annonce les 27°C de température à Casa et à Rabat, c'est déjà le grand soulagement avant l'atterrissage. Il est vrai que la grosse canicule de la semaine en Algérie et les 45° de Tizi Ouzou auront fané plus d'un. Dès leur descente d'avion, à l'aéroport Mohamed V de Casablanca, les joueurs de la JSK goûtent avec plaisir aux délices d'une bonne température ambiante où la chaleur de la Méditerranée est en parfaite harmonie avec la fraîcheur de l'Atlantique. Un accueil chaleureux au Maroc A l'aéroport de Casa, l'accueil est très cordial. Des représentants diplomatiques algériens sont à l'accueil, qu'ils relèvent du consulat général de Casablanca ou de l'ambassade d'Algérie à Rabat mais aussi des représentants de la Fédération royale marocaine de football (FRM) et des dirigeants des FAR. Il est vrai que les Marocains avaient été très bien accueillis en juillet dernier à Tizi Ouzou et ils ont tenu à rendre la pareille aux Algériens, surtout que la JSK a toujours entretenu d'excellentes relations sportives avec les clubs marocains que ce soit les FAR, ou les deux grands clubs de Casa, le WAC et le RAJA, sans oublier les clubs de Marrakech, Agadir ou Mohamedia. Et si l'accueil est donc chaleureux et les formalités aéroportuaires sont enregistrées avec beaucoup de célérité et surtout d'amabilité, un autre retard considérable est encore enregistré, cette fois, dans la réception des bagages. Pendant près de deux heures, les Canaris attendent leurs bagages et scrutent tous les tapis roulants mais en vain. Certains passagers marocains s'énervent car leurs proches prennent leur mal en patience à l'extérieur mais les joueurs de la JSK sont souvent habitués à ce genre de contre-temps. Et lorsqu'ils quittent enfin l'aéroport vers 16 h (heure locale), soit 17 heure algérienne, à bord d'un superbe bus climatisé en direction de Rabat, l'ambiance est de retour car l'autoroute Casablanca-Rabat, d'une centaine de kilomètres, est agréable à parcourir. Une heure d'autoroute à peine et bonjour Rabat, la capitale du royaume chérifien. La JSK est installée dans un superbe hôtel : le Golden Tulip Farah, le second grand palace de Rabat après le Hilton. Après une courte pause et une légère collation, toute la bande à Saïb est soumise à un léger galop d'entraînement dans une petite forêt toute proche, un peu comme à Bouchaoui où cette séance de décrassage permet de remettre sur pied tous les joueurs. Et si Saïb a décidé de ramener tout son effectif à Rabat, ce n'est certainement pas pour faire du tourisme puisque il l'a soumis à un travail sans relâche, notamment au lendemain de l'arrivée où il a scindé le groupe en deux. Jeudi matin à 10h, un entraînement spécifique était réservé aux joueurs non concernés par ce match FAR-JSK, autrement dit les joueurs suspendus et les joueurs non qualifiés par la CAF. Dans l'après-midi, c'était au tour des joueurs retenus pour ce match d'être soumis à un autre entraînement vers 17 h sur le terrain du FUS de Rabat, le second stade de la capitale chérifienne. Bien évidemment, Saïb a accentué la charge pour cet entraînement particulier de l'avant-veille du match et ce, avant de tâter la pelouse du stade d'honneur Moulay-Abdellah hier vers 19 h, soit à l'heure du match ! Les joueurs auront découvert un grand stade qui ressemble étrangement à celui du Complexe sportif Mohamed V de Casablanca où la pelouse est dans un assez bon état. A 19 h (heure marocaine), c'est déjà la tombée de la nuit et la température est très agréable avec une belle brise de fraîcheur de l'océan. Pour des Canaris qui ont déjà évolué par 45°C à l'ombre, en mai dernier, à Garoua, dans le nord du Cameroun, la fraîcheur des belles soirées estivales de Rabat est certainement une occasion propice de bien jouer au foot et de produire donc du beau jeu. Même au mois d'août. La JSK pourra-t-elle sortir le grand jeu ? Réponse, ce soir à partir de 20h (heure algérienne). M. H.