Les sapeurs-pompiers, les gardes de forêts et les éléments de l'ANP ont mené, durant trois jours, un combat sans précèdent contre les feux qui ont pratiquement ravagé le massif de Chréa. C'est dans la nuit de mardi à mercredi qu'un incendie a été identifié entre les points kilométriques 5 et 8 sur la route qui mène à Chréa. Mais personne n'a cru que ces feux provoqués probablement par des “pyromanes”, allaient se propager à la faveur d'un vent instable, d'une manière spectaculaire. Au cours de la journée du mercredi, les flammes ont atteint la limite de la commune de Ben Ali et Bouarfa. Ce qui a contraint leurs habitants à fuir vers la ville de Blida. Et la persistance des feux a inévitablement provoqué une inquiétude au sein de la population. Les responsables de la protection civile de la ville de Blida tirent la sonnette d'alarme. De leurs côté, les autorités locales annoncent, aussitôt un plan d'orsec pour mobiliser tous les moyens nécessaires pour circonscrire le feu qui a déjà massacré plus de 1 700 hectares. 500 agents de la protection civile sont venus de sept wilayas du centre pour renforcer les 200 que compte la wilaya de Blida. Sur la route qui mène vers Chréa, la gendarmerie avait installé, par mesure préventive, un barrage fixe pour interdire à toute personne d'y accéder. Notre première halte, c'est au niveau du premier point kilométrique. Quelques habitations éparpillées au bas d'une crête ont été épargnées de justesse par les feux. “Nous étions surpris par la propagation du feu qui nous a contraint d'évacuer nos familles durant la nuit”, a expliqué difficilement ce montagnard, fatigué, les yeux enflés et rougeâtres du manque du sommeil et de la fumée qui se dégage avec intensité. Plus loin, des jeunes surveillent leurs maisons désertées. Du haut de la montagne, nous constatons les dégâts qu'a causés le feu, des centaines d'hectares de forêt ont été complètement calcinés, le spectacle dégage une image de désolation. Notre accompagnateur nous propose de continuer vers les foyers d'incendie les plus importants. Sur notre chemin, nous sommes surpris par le feu qui avance à grande vitesse à la faveur du vent. Dans le point kilométrique 6 et 8, les éléments de protection civile luttent avec les moyens dont ils disposent pour parvenir à éteindre rapidement le feu qui se propage dans des terrains escarpés. La longueur du tuyau d'arrosage, souvent, n'arrive pas là où le feu s'est déclenché. C'est ce qui permet aux flammes de s'étendre facilement sur d'autres superficies. “C'est une main criminelle qui a provoqué cette catastrophe, sinon, comment expliquer que 12 foyers d'incendies ont été déclenchés à la fois”, tient à expliquer l'officier de la protection civile. “Pour l'instant, ce n'est pas le moment de comprendre qui a été derrière cette catastrophe, notre mission consiste à protéger les vies humaines et lutter contre le feux par n'importe quel moyen”, intervient un autre officier de la protection civile, qui sera sollicité en urgence par ses agents, car les flammes deviennent incontrôlables. Un sapeur-pompier est évacué en urgence après avoir perdu connaissance dans un ravin auquel il était intervenu pour éteindre le feu. Le vent complique d'avantage la situation des soldats du feu qui visiblement sont épuisés de fatigue. Certains n'ont pas dormi depuis deux jours, ils sont là, à combattre le feu pour l'empêcher d'atteindre le parc national de Chréa qui s'étend sur une superficie de 62 000 hectares. “Ce parc contient des cèdres dont l'espèce est unique au monde. Le cèdre est un arbre égoïste, il ne laisse pas la végétation pousser autour de lui. Pour nous, c'est un avantage, mais le cèdre reste menacé”, souligne l'officier de la protection civile qui avoue que ses éléments n'ont pas le choix. Ils ne quitteront les lieux qu'après avoir éteint les feux. K. Fawzi