Des commissions d'enquêtes mixtes, composées des éléments de la Direction générale des forêts et de la Protection civile, travaillent déjà sur les origines des incendies. La gendarmerie, pour sa part, a ouvert, une enquête judiciaire. Que se passe-t-il ? C'est comme s'ils s'étaient donné le mot, après la Grèce, le nord de notre pays a été, à son tour, la proie de violents incendies de forêt qui se sont déclenchés mardi dernier. Le bilan est lourd, selon la direction générale des forêts DGF, 629 foyers d'incendies ont été enregistrés durant la semaine du 25 au 31 août. Le feu a parcouru 26 711 hectares de terrain dont 12 000 hectares en forêt et 5 000 hectares de vergers, dont 4 000 hectares ont été enregistrés à la wilaya de Tizi Ouzou. Les incendies, qui ont embrasé 23 wilayas du pays, se sont étendus de chlef à Skikda en passant par Aïn Defla, Blida, Tipasa, Alger, Boumerdès, Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira. Le feu a, également, détruit la forêt de Ténira à Sidi Bel-Abbès et ravagé un bois à Meurad, près de Tipasa, sur la côte ouest. 29 maisons ont été brûlées à Jijel et 5 à Blida. Attisés par les vents incandescents du Sahara, favorisés par la canicule et la sécheresse saisonnières, les feux de forêt au pied du massif de Chréa ont dévoré plus de 20 000 ha de broussailles et détruit des milliers d'arbres : chênes-liège, chênes verts, cèdres, pins, ifs, merisiers, eucalyptus, et calciné des centaines d'animaux dont des sangliers. Plus de 6 000 sapeurs-pompiers ont été mobilisés, s'ajoutent à cela les éléments des gardes forestiers et de l'armée. En dépit de toute cette mobilisation, la population est venue en renforts. Depuis le début de la campagne de prévention, qui a commencé le 1er juin jusqu'au 31 août, la direction générale des forêts a enregistré 1 833 foyers d'incendies ravageant ainsi 47 660 hectares dont 22 000 hectares de massifs forestiers. “En vingt ans, c'est la première fois qu'on arrive à un taux pareil. Nous avons dépassé la moyenne de 25 000 hectares enregistrés durant deux décennies”, déclare Mohammed Seghir Noual, premier responsable de la direction générale des forêts. Il précise, par ailleurs, que la wilaya de Batna a enregistré, à elle seule, le taux le plus élevé d'incendie, durant la période du 1er juin jusqu'au 31 août, avec 7 710 hectares parcourus par le feu, suivie par la wilaya de Tizi Ouzou avec 6 964 hectares. La protection civile a relevé, pour sa part, 670 foyers de feu de forêt durant la même période, dont les dégâts sont évalués à 15 132 hectares ravagés par les feux. Pour ce qui est des maquis, la protection civile a noté 6 379 hectares, s'ajoutent à cela 1 555 feux de récolte. Provoquant ainsi la perte de 8 000 hectares de blé, 4 000 hectares d'orge, 4 575 de palmiers dattiers et 170 000 arbres fruitiers. Classée par le nombre de dégâts dans les massifs forestiers, la wilaya de Batna bat les records avec 2 592 hectares suivie par Aïn defla avec 1 374 hectares et 1 313 hectares à Tissemsilt. En ce qui concerne les récoltes, la wilaya de Béjaïa vient en première position avec 229 foyers d'incendie, suivie par la wilaya de Constantine avec 110 hectares et 100 hectares à Sétif. Plusieurs villes adossées à ces massifs forestiers, dont Alger, Blida et Béjaïa, ont été arrosées depuis plusieurs jours par des pluies de cendres transportées par les vents. Le massif de Chréa, à Blida, est le plus touché par ces incendies qualifiés d'“exceptionnels” par le directeur des forêts. Selon un bilan partiel, quelque 2 000 hectares d'arbres y ont été ravagés par le feu, le bilan le plus lourd depuis 1983. “Il faut savoir qu'il n'y a pas d'incendie qui se déclenche seul, il y a toujours l'aspect humain. Je ne dis pas que c'est d'origine criminelle mais nous savons tous que les citoyens ont tendance à laisser des débris de verre dans les forêts lorsqu'ils se baladent ou encore à jeter des mégots de cigarette sur le bord de la route. Tout cela contribue au déclenchement des feux et notamment à la perte de milliers d'hectares. S'ajoute à cela le climat caniculaire qui a atteint des pics de 43°”, a-t-il signalé.Outre les imprudences, les autorités n'excluent pas des actes criminels. On apprend que les services de la gendarmerie nationale sont à pied d'œuvre pour débusquer les pyromanes responsables de ces départs de feu particulièrement qui se sont déclenchés vers 22h 30. Par ailleurs, des commissions mixtes composées des éléments de la direction générale des forêts et de la protection civile, sont déjà sur le terrain afin d'établir des expertises et enquêter sur l'origine de ces incendies. On nous signale qu'hier, encore, il y a eu trois foyers d'incendie qui se sont déclenchés dans les wilayas de Aïn Defla, Tipasa et de Médéa, mais ces derniers ont été rapidement maîtrisés par les gardes forestiers. “Rien n'est encore fini, nous avions également l'habitude d'enregistrer des incendies durant le mois de septembre. Il faut être vigilant”, avertit M. Nouel. Nabila Afroun