La transformation des champs de céréales en vergers, en vogue durant la dernière décennie, semble avoir échoué sur tous les plans. Certains vergers sont carrément à l'abandon. Les centaines de vergers qui existent dans la wilaya de Batna sont loin de muer la région, selon des observateurs. En effet, la production des fruits ne couvre pas encore la consommation locale, bien que la wilaya compte 7 456 hectares d'arbres fruitiers, en 2004, dont la plupart des vergers sont irrigués à partir de 783 forages recensés. Selon certains professionnels au fait du sujet, le mal principal provient de l'ignorance ou du manque de maîtrise des méthodes horticoles. “Ces méthodes ne sont pas employées dans la culture des arbres fruitiers. Vu les conditions optimales de nutrition et d'hygrométrie, il fallait penser à des types d'arbres capables de supporter le froid et la sécheresse”, nous ont affirmé nos interlocuteurs. Des fellahs ayant planté des centaines d'arbres, des pommiers en l'occurrence, dans le village de Boumia, pour des problèmes de sol calcaire, ont été contraints de les arracher et les remplacer par des oliviers, qui rappelons-le, s'acclimatent mieux à cette région au climat méditerranéen. A Chemora, le sol s'est avéré argileux. Il ne permet pas un meilleur développement des arbres, essentiellement les pommiers et les cerisiers. Le propriétaire d'une cerisaie en a payé les frais. “Pendant les périodes sèches, les roches sédimentaires, comme des pythons, se rétractent et étouffent l'arbre”, dira un fellah. D'autres contraintes nuisent au développement des arbres fruitiers et par la même, à une meilleure production. L'entretien du sol n'est pas du tout ou mal assuré par l'enherbement. En effet, certains vergers végètent dans un abandon total. Les sols ne sont pas améliorés par la culture de légumineuses fixatrices d'azote. On note, en outre, l'absence de la taille des arbres pour augmenter le volume des fruits ainsi que la non-utilisation d'engins et herbicides pour enrichir le sol en éléments utiles à la croissance des arbres. “L'arboriculture est une véritable entreprise, hautement spécialisée et demande un savoir-faire et du matériel agricole. Hors, la majorité des propriétaires de vergers ne sont pas des horticulteurs, mais de simples agriculteurs. Ces derniers sont beaucoup plus initiés à des formes de culture, telle la production des céréales, qu'à la pratique des jardins”, nous dit-on. Il est à signaler que l'arboriculture dans la wilaya de Batna fait, également, face aux maladies. Parmi les insectes ravageurs figurent les pucerons et les acariens qui sévissent, surtout pendant les périodes chaudes et sèches. Ce qui nécessite l'utilisation des machines agricoles de pulvérisation. “Malheureusement, ces machines sont d'un coût très élevé et le fellah de la région n'a pas les moyens”, se plaint un fellah. B. Boumaila