Dans la perspective de la préparation de la commémoration du 20 avril dans sa 23e édition et du 2e anniversaire du Printemps noir, l'association Si M'hend U M'hend de Bouzeguène a invité M. Abbout Arezki ex- détenu du printemps berbère 1980 pour animer une conférence-débat. Succédant à un programme d'activités culturelles (expositions, poésies et théâtres), le conférencier aborde son sujet avec une grande précision des faits. “Avril 1980 fut le précurseur de la lutte pour notre identité et notre langue.” Le combat pour tamazight, qui était le fait d'une frange avant-gardiste, a subi les affres d'un pouvoir qui n'a pas hésité à utiliser répression et torture. Aujourd'hui, c'est le combat de tout un peuple, et tamazight s'est taillé un large territoire dans l'esprit des hommes au sein d'un système. M. Abbout considère que “le Printemps noir est l'aboutissement du processus entamé en 1980 et sans doute bien avant l'indépendance”. “La constitutionnalisation de tamazight constitue un pas appréciable, mais nous devons continuer le combat pour qu'elle soit langue nationale. La création du HCA est aussi importante pour peu que les budgets dont il bénéficie soient utilisés pour tamazight. ” Abordant la situation en Kabylie, M. Abbout déclare avec amertume que “la Kabylie est aujourd'hui en situation d'asphyxie, comme l'a voulu le pouvoir. Insécurité, drogue et chômage constituent le lot dramatique auquel fait face la société. Le pouvoir utilise le même moyen que celui utilisé par la droite américaine pour faire disparaître la gauche, à savoir celui d'utiliser le mouvement hippie”. Aujourd'hui, l'absence totale de débats a conduit à une situation d'implosion de la Kabylie. Absence de dialogue, acceptation de tout avis contradictoire entre personnes et entre partis (politiques). Il est inacceptable que des partis comme le FFS et le RCD ne puissent plus s'entendre et ne puissent plus se mettre autour d'une table pour étaler et régler leurs divergences.” M. Abbout a ensuite évoqué les circonstances de son arrestation en 1980 et les conditions inhumaines de sa détention. Face à une infinité de questions de l'assistance, la conférence ne s'est terminée que vers 17h30. C. N. O.