Après la publication de graffitis racistes par la presse, les autorités suédoises tentent d'éteindre le brasier en prônant le dialogue avec les musulmans. Il ne faut pas que se soit un slogan, commente l'ambassadeur d'Algérie à Stockholm. La Suède, convaincue d'avoir désamorcé chez elle la polémique provoquée par la publication d'une caricature du Prophète Mahomed, s'efforce d'apaiser les tensions avec la même méthode, le dialogue. Ne retenant pas les leçons des caricatures du Danemark, le 18 août, Nerikes Allehanda, une feuille locale d'Örebro dans l'ouest de Stockholm, publie une caricature insultante, raciste et islamophobe. Deux manifestations ont été organisées devant le siège du journal et un vif débat s'est engagé dans les médias suédois qui ont appelé à la fois au dialogue et au respect de la liberté de la presse. L'Egypte, l'Iran, le Pakistan, la Jordanie, l'Organisation de la conférence islamique ainsi que des responsables religieux en Afghanistan ont vivement condamné, exigeant des excuses à l'endroit de l'Islam. En Suède où les immigrés musulmans, en particulier irakiens, ont afflué ces dernières années, contrairement à ce qui s'est passé chez leur voisin nordique, communauté musulmane et dirigeants politiques n'ont eu de cesse de dialoguer pour éviter la crise qu'a connue le Danemark, il y a plus d'un an. La publication en septembre 2005 par le journal danois Jyllands-Posten de dessins satiriques du Prophète avait soulevé en janvier et février 2006 de violentes protestations dans le monde musulman et entraîné un boycottage des produits danois. Des drapeaux danois avaient été brûlés et des représentations diplomatiques mises à sac. Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, devait rester en contact permanent avec les représentants d'organisations musulmanes, regrettant que des personnes aient été offensées même s'il a souligné qu'il n'appartient pas aux hommes politiques de juger de la liberté de la presse et d'expression, partie inaliénable de son pays et de la démocratie. Satisfaits, les musulmans d'Örebro ont renoncé à une manifestation prévue vendredi. Le centre culturel musulman Jamal-Lamhamdi a même condamné la fièvre qui s'est propagée dans les pays musulmans déclarant qu'il s'agissait d'un problème intérieur qui ne concerne pas les musulmans du monde entier. Sur le plan international, Reinfeldt cherche à éviter une crise en conviant, hier, les vingt ambassadeurs des pays musulmans pour leur dire qu'en Suède, chrétiens et musulmans vivent ensemble dans un respect mutuel. “C'est une excellente initiative prise dans un esprit d'apaisement”, a commenté l'ambassadeur d'Algérie à Stockholm, Merzak Bedjaoui, avertissant que lorsqu'on parle de dialogue des civilisations, “il ne faut pas que ce soit un simple slogan”. D. B.