Le 9 septembre 2007 restera une tâche noire dans l'histoire du football algérien. L'Algérie, pays de football par excellence, manquera pour la deuxième fois consécutive la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations prévue le mois de février prochain au Ghana. On attendait le miracle provenant du tout petit pays de la Gambie (129e mondial), on a eu droit finalement à une désillusion et une humiliation engendrée par une élimination qui place l'Algérie au fond du gouffre. “Qui n'avance pas recul”, ce dicton reflète la réalité du football algérien. Ce qui s'est passé dimanche à Banjul était prévisible du fait que la sélection nationale avait commis l'erreur de trébucher à domicile face à la Guinée. Une défaite qui a coûté cher aux Verts. Il fallait voir la mine des joueurs à la fin de la partie tellement ils ne croyaient pas qu'ils venaient de rater le dernier wagon à destination du Ghana. Ils étaient tout simplement abattus. En plus du goût amer de l'élimination, une bataille rangée a éclaté entre nos capés et les Gambiens. Deham a été tout simplement tabassé par et les joueurs et le service d'ordre gambien. Fort heureusement pour lui, quelques dirigeants l'on secouru à temps pour rejoindre ensuite les vestiaires et ce, sous une pluie de projectiles lancés par des supporters gambiens complètement déchaînés. De son côté, Saïfi n'a pas échappé au lynchage au même titre que Ziani. La tension était palpable et le pire a été évité de justesse n'était l'intervention énergique des services de l'ordre qui a évacué la délégation algérienne à l'intérieur des vestiaires. Un climat de deuil y régnait, personne ne pouvait souffler mot ou expliquer ce qui s'est passé. La déception était apparente sur les visages des joueurs algériens. Assis par terre, Rafik Saïfi avait les larmes aux yeux tellement il a eu du mal à digérer cette élimination avant d'éclater en sanglots. L'attaquant de Lorient, auteur du premier but des Verts, songe sincèrement à arrêter sa carrière en équipe nationale. “Je pense sincèrement à m'arrêter”, a-t-il affirmé devant un parterre de journalistes. Quelques minutes après, les responsables de la FAF ont convié les journalistes à assister à la réunion tenue par M. Hamid Haddadj, le président de la Fédération algérienne de football (FAF). Haddadj aux joueurs : “Il ne faut pas baisser les bras” “C'est une élimination difficile à digérer, mais ce n'est pas la fin du monde. Nous devons continuer à travailler. Il y a un bon groupe en place et l'on ne peut remettre en cause tout le travail accompli jusque-là. Il ne faut pas baisser les bras”, c'est en ces termes que le président de la FAF s'est adressé aux joueurs au cours d'une réunion qui s'est déroulée dans les vestiaires. Entourés des joueurs et des membres du staff technique national, le premier responsable de l'instance fédérale ajoute : “Vous avez essayé de faire de votre mieux pour vous qualifier à la phase finale de la Coupe d'Afrique. Malheureusement, les choses se sont passées autrement. Nous sommes tous responsables de cet échec et il faut impérativement redresser la situation. Les éliminatoires de la Coupe du monde, c'est pour demain. C'est pour cela que nous devons travailler d'arrache-pied pour que la sélection nationale retrouve sa véritable place. En tout cas, quelles que soient les décisions qui devraient être prises prochainement, il faut savoir que nous allons travailler dans la continuité afin que les résultats soient meilleurs à l'avenir”, a-t-il tenu à leur préciser, comme si M. Hadadj voulait dire que le sélectionneur Jean-Michel Cavalli n'est pas sûr de poursuivre sa mission car même s'il apprécie son travail, son départ n'est pas à exclure. Ce qui a poussé certains joueurs à réagir. Les pros font du chantage et exigent le maintien de Cavalli C'est ensuite au tour de Yazid Mansouri, le capitaine d'équipe, de prendre la parole en défendant carrément Jean-Michel Cavalli : “Nous voulons poursuivre le travail avec Jean-Michel Cavalli. Certes, nous sommes éliminés de la CAN, mais cela ne veut pas dire que le coach n'a pas fait du bon boulot.” Il n'était pas le seul à défendre “la cause Cavalli” puisque Antar Yahia ne veut pas entendre parler d'un changement à la tête du staff technique ou de la composante de la fédération : “Je reconnais que nous avons raté notre objectif, à savoir animer la phase finale de la CAN 2008. Le football est ainsi fait et on ne peut rien y changer. Ce sera une grave erreur d'opérer des changements en limogeant Cavalli ou autre. Cela fait 16 mois qu'on travaille ensemble et son départ ne va pas arranger les choses. En un mot : il n'y aura pas d'avenir avec des changements”, a-t-il tenu à dire. Antar Yahia serait allé plus loin en confiant à ses proches que “si par malheur Cavalli part, je ne retournerai plus en équipe nationale”. Cela s'apparente beaucoup plus à du chantage qu'un souhait du fait que les pros ont trouvé une certaine liberté avec un Jean-Michel Cavalli qui exécute au doigt et à l'œil toutes leurs exigences. D'ailleurs, ce sont les pros qui ont insisté à ce que le stage de préparation pour le match de la Gambie se déroule à Aix-en-Provence et pas ailleurs. Et il n'y a pas que ça puisqu'il se murmure au sein de l'EN que les pros auraient refusé de se rendre en Gambie au moins 48 heures avant le match. Autrement dit, Cavalli arrange leurs affaires, ce qui explique leur insistance pour son maintien. Cavalli ne veut pas lâcher prise En dépit de l'humiliante élimination, le Corse Jean-Michel Cavalli voit les choses sous un autre angle. Pour lui, “l'Algérie a accompli un parcours honorable n'était cette défaite face à la Guinée qui a tout remis en cause. Il existe une équipe d'avenir qui fera parler d'elle dans un avenir proche”, a-t-il déclaré à la presse. Décidément, le coach de l'EN a oublié qu'il a failli à sa mission du moment où il n'est pas parvenu à qualifier l'Algérie à la CAN 2008, comme cela a été stipulé sur le contrat qu'il avait signé il y a seize mois. Le Corse caresse toujours le rêve d'emmener l'EN à la CAN et au Mondial 2010. “Je vais bien réfléchir. Ce qui est sûr c'est que je ne vais pas céder ma place comme ça. Si je reste, je serai honoré de poursuivre ma mission avec l'équipe algérienne. Il n'y a jamais eu de problème entre moi et la fédération. Je peux vous dire que l'EN se qualifiera à la CAN et au Mondial 2010”, ajoute-t-il. Cette déclaration nous fait rappeler curieusement la première conférence de presse qu'il avait tenue au cours de laquelle il était persuadé que l'Algérie irait au Ghana. “La sélection algérienne va se qualifier pour la CAN”, mais l'ex-coach de Créteil avait oublié un paramètre : l'Afrique n'est pas facile. Malgré la débâcle, le sélectionneur national trouve le moyen de dire que “l'EN a redonné la fierté aux Algériens après ses bonnes prestations face à l'Argentine et au Brésil” mais une fois de plus, il a oublié que l'important était de se qualifier quelle que soit la manière. Ce qui s'est produit avec Cavalli s'est aussi produit avec ses prédécesseurs il n'y a pas si longtemps. Sans que la haute instance fédérale apprenne à retenir les leçons. N. T.