Marginalisées, voire méprisées dans leur propre patrie, des compétences nationales avérées dans divers domaines, économiques ou scientifiques, se distinguent aisément sous d'autres cieux. Elles s'imposent sans conteste dans des disciplines jusque-là réservées uniquement aux élites occidentales. Des pays du Vieux ou du Nouveau Continent les accueillent, sans en espérer autant, à bras ouverts. L'Algérie, qui dispose de ce gisement providentiel mais inexploité, établi sous des cieux plus cléments, excelle ou s'efforce toujours à faire appel à des experts étrangers pour remettre sur les rails le processus de développement. Cet état de fait est, on ne peut mieux, déplorable et inacceptable. Ce constat a été établi, hier, par Mme la ministre chargée de la Communauté nationale à l'étranger, Bouchemla Fatma-Zohra, lors de la cérémonie d'installation du groupe de travail “compétences nationales établies à l'étranger” qui a eu lieu à El-Aurassi. Il s'agit d'une composante multiforme et multisectorielle dont la mission principale serait de réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre afin de faire participer ces Algériens, distingués ailleurs, à l'effort de développement national. L'élite qui sera ciblée par ce groupe de travail ne se limite pas uniquement aux chercheurs et aux universitaires exerçant dans de grands laboratoires internationaux, mais cette composante visera tous les secteurs d'activité : scientifiques, managers, financiers, sportifs et artistes. Mme Bouchemla exhume aujourd'hui un dossier aussi sensible qu'important que ses prédécesseurs, qui ont tenté un temps de le prendre en charge, ont laissé moisir dans les tiroirs. La ministre, qui a animé un point de presse en marge de la cérémonie, a avoué que beaucoup de maladresses conscientes ou inconscientes ont été commises, par le passé, à l'égard de ces compétences nationales qui vivent à l'étranger dans les précédentes tentatives de les faire associer à la machine de croissance nationale. “Pendant leur séjour, dans les meilleurs des cas, ils ont été reçus au niveau d'un chef de bureau qui les traitait avec désinvolture, ce qui les a contraints à repartir. Comment mobiliser et faire participer ces compétences au développement ?”, s'est-elle interrogée. Tel est, en un mot, la problématique que pose Bouchemla. Pour réussir ce pari, son département ministériel s'est fixé, dit-elle, une nouvelle approche de mobilisation des Algériens distingués ailleurs. Sans détour, elle soutiendra qu'un environnement favorable, pour elle, consiste en la réhabilitation et la considération de cette élite dont 90% ont été formés par l'école algérienne. Pour leur éviter, à titre d'exemple, toutes les tracasseries auxquelles se heurtent au niveau des postes frontières ces compétences, la ministre suggérera de leur ouvrir un couloir au salon d'honneur. La nouvelle approche de Bouchemla prévoit également la mise en place d'une structure étatique qui aura pour mission de gérer et de rentabiliser cette élite éparpillée de par le monde. Cet organisme devra aussi établir un listing et identifier ces compétences “diaspora”, puisque les autorités officielles ne disposent pas à ce jour de fichier. Le moins que l'on puisse dire, c'est d'espérer que ce groupe de travail, qui devra déboucher sur l'organisation d'une conférence nationale, ne connaisse pas le sort des précédentes commissions. R. H.