Le ministre tchadien de la Défense a été limogé par le président Deby après une semaine d'affrontements entre forces gouvernementales et rebelles dans l'est du pays. Mahamat Nour a été nommé ministre en mars dernier, après avoir signé un accord de paix avec Deby, il était comme son prédécesseur chef rebelle. La position de Mahamat, qui s'est réfugié à l'ambassade de Libye à N'Djamena, était devenue intenable avec la reprise de la rébellion par ses anciens fidèles dans l'est du Tchad, à la frontière avec la région soudanaise du Darfour. Le Front uni pour le changement démocratique fondé par l'ex-ministre de la Défense, a refusé de se laisser désarmer malgré les accords et la pression d'une autre milice appartenant à l'ethnie de Deby. Sa mise à l'écart fait planer de nouvelles incertitudes sur la situation au Tchad, notamment dans l'est où doit se déployer au début de l'an prochain une force européenne (Eufor) chargée de protéger les civils et des réfugiés du Darfour soudanais. Le FUC a, par ailleurs, été rejoint par l'UFDD, un autre mouvement rebelle dirigé par un autre ancien ministre de la Défense, Mahamat Nouri, qui a fait défection pour rejoindre une rébellion lancée il y deux ans contre Deby. Les deux rébellions refusent la force d'interposition européenne proposée par le président français et exigent le retrait des contingents français de N'Djamena, exploitant l'affaire de la tentative d'enlèvement d'enfants tchadiens par l'ONG française l'Arche de Zoé. Deby a accusé le Soudan de soutenir les rebelles du FUC et de l'UFDD et Khartoum rejette toutes les accusations de soutien à des rebelles anti-Deby. La situation s'est encore compliquée avec la proclamation samedi par les deux rébellions de l'état de guerre contre les troupes françaises établies au Tchad et toutes les autres forces étrangères susceptibles d'intervenir dans le pays, en référence au déploiement prévu prochainement d'une force européenne (Eufor). Le président français a précisé que cette déclaration ne remettait pas en cause la mission de cette force composée de 3 700 hommes, dont 1 700 militaires français, sous le commandement de l'Irlande qui s'interroge sur la faisabilité d'une telle mission. Le FUC et l'UFDD considèrent que la fourniture par Sarkozy de soutiens diplomatiques stratégiques et logistiques “au tyran” Deby, comme un acte d'hostilité, se réservant le droit de traiter la France comme tel. Les troupes françaises sont au Tchad en vertu d'un accord de 1976. Après ses déconvenues en Côte d'Ivoire, c'est au tour du Tchad et en Centre Afrique où la situation n'est guère meilleure pour la France. La fin de la françafrique ! D. B.