Retranché dans son palais présidentiel, le président tchadien, Idris Deby, attend un coup de pouce de la part de Paris et de ses pairs africains lesquels ont condamné le coup de force de sa rébellion qui a investi en un tour de main la capitale N'Djamena depuis samedi. Sarkozy n'a pas arrêté de bouger pour sauver le régime tchadien, considéré avec la Centrafrique et le Gabon comme le dernier résidu de la Françafrique. Et s'il n'a pas donné ses forces armées établies dans ce pays enclavé entre le Soudan, Centrafrique, le Niger et la Libye, c'est tout simplement pour ne pas accroître le sentiment antifrançais qui règne en Afrique. Aussi, s'est-t-il précipité d'encourager Kadhafi à faire quelque chose, d'autant que le leader libyen a été mandaté samedi par l'Union africaine, avec son homologue congolais Denis Sassou Nguesso, pour trouver une solution négociée à la crise au Tchad. La Libye n'a pas traîné puisque aussitôt mandaté et sollicité par le président français, son dirigeant devait annoncer que le principal chef de la rébellion tchadienne, Mahamat Nouri, avait accepté un cessez-le-feu ! Un cessez-le-feu proposé par Kadhafi, selon l'agence officielle libyenne Jana qui précise qu'au cours d'un entretien téléphonique, le dirigeant libyen et le chef de l'Union des forces pour la démocratie et le développement tchadienne ont convenu d'un cessez-le-feu et de négociations pour l'application de l'accord de paix de Syrte, signé le 25 octobre 2007 entre la rébellion et le gouvernement tchadiens, en Libye, mais resté lettre morte. Kadhafi, selon Jana, a eu également des entretiens avec le président tchadien qui lui a assuré que les forces gouvernementales contrôlaient la situation ! Et cela au moment où la rébellion avait occupé N'Djamena, à l'exception du palais présidentiel où était concentré l'essentiel de l'armée tchadienne et que quatre avions militaires français procédaient aux premières évacuations de ressortissants étrangers du Tchad, rassemblés dans le camp Kossei des forces françaises, qui jouxte l'aéroport de la capitale tchadienne. Le président français, dont c'est la première crise en Afrique, s'est vu obligé de ne jouer qu'un rôle humanitaire et, pourtant, son ministre de la Défense n'a par arrêté de rappeler que la France et le Tchad sont liés par des accords militaires, 1 450 est le nombre des soldats français au Tchad dans le cadre du dispositif Epervier, présent depuis 1986 dans le pays, mais se refuse d'intervenir directement contre la rébellion. Il reste que le coup de force des rebelles a plutôt l'air d'un coup d'éclat puisque après leur entrée à N'Djamena samedi matin et trois heures d'affrontements avec les troupes gouvernementales, un calme relatif régnait hier et les tirs n'étaient plus que très sporadiques ! Selon des sources militaires, les rebelles contrôlaient les quartiers périphériques et une bonne partie du centre-ville où des pillages ont été constatés. Un responsable d'un service de sécurité de l'ONU a estimé que les combats avaient dû être violents, car il a vu samedi beaucoup de cadavres dans les rues, notamment des corps calcinés ou déchiquetés. D. B.