Celle-ci appelle désormais une redéfinition du rôle de l'Etat, ainsi que la mise en place d'un nouveau contrat social qui tienne compte des mutations qu'impliquent les impératifs de la globalisation. La décision publique est aujourd'hui au cœur du processus de développement national. Dans un contexte de mutation de l'économie et de la société, elle ne saurait s'exprimer de manière pertinente, dans une situation privée d'une vision stratégique de l'évolution de la société et en l'absence d'une prospective, cet art d'anticiper sur les évènements et de se projeter dans le futur lointain. Elle appelle, cependant, à la redéfinition du rôle de l'Etat, devenu “très utile” dans certains secteurs et en matière d'organisation, ainsi qu'à la mise en place d'un “nouveau contrat social”. C'est ce qui est ressorti, hier, du colloque international sur “Prospective, décision publique et contrat social”, organisé par l'Institut national de la planification et de la statistique (INPS) à l'hôtel Hilton (Alger). Dans son intervention, le professeur Azzedine Belkacem-Nacer, président du Conseil scientifique de l'INPS, a rappelé que cette manifestation, qui durera deux jours, s'inscrit dans le cadre du “rassemblement de la communauté universitaire” autour de thèmes de grande actualité, dont les recommandations serviront à “éclairer les décideurs”. Il a, en outre, reconnu que la prospective commence à “être vue comme une urgence”, car elle permet à la fois d'avoir “un regard sur l'avenir destiné à éclairer l'action présente et de rassembler des éléments d'appréciation, dans le but de prendre des décisions”. La prospective, a soutenu M. Belkacem-Nacer, est à la fois “un outil d'aide à la décision, surtout la décision publique” et “un outil de développement durable” et “un outil d'enrichissement du débat public”. En somme, un outil interrogé par “les enjeux politiques”, qui se place au centre de la “gouvernance publique”. Pour le cas de l'Algérie, l'intervenant a fait savoir qu'il y a des “tentatives de mettre en place une approche de prospective”, donnant pour preuve la création d'un Commissariat général à la planification et la prospective (CGPP) et les différents projets initiés par des ministères, à l'exemple du Système national de l'aménagement du territoire (SNAT). Les interventions qui ont suivi, notamment l'expérience française en matière de prospective publique et de planification stratégique, l'étude des épidémies sur un horizon de 20 à 40 ans, la gouvernance universitaire dans l'espace européen, et la politique de la gestion intégrée des déchets, ont mis en exergue la nécessité de la planification, voire l'exigence de recourir à la démarche prospective, lorsque l'Etat, qui “n'est plus le seul décideur”, doit composer avec les autres acteurs. Certains intervenants étrangers ont même parlé de l'émergence, dans l'économie globalisée, de “l'Etat stratège”, entraînant avec elle “l'adaptation” de la prospective. Celle-ci, a indiqué M. Blandinières, représentant de l'Union européenne, s'est adaptée en France “aux besoins du secteur privé” et s'est mise “au service de la décision publique”. D'autres intervenants ont insisté sur l'importance de “la mission publique” même dans la situation de retrait de l'Etat. D'aucuns ont tenté de montrer différents aspects de la prospective, en s'appuyant sur des recherches qu'ils ont menées, à savoir la recherche de “nouvelles formes de développement territorial” et des “sorties possibles”, la nécessité d'aller vers des “logiques de composition”, des “consensus” ou des “arbitrages”, la prise en compte de “l'ancrage local” dans la gouvernance universitaire pour mieux penser “les pôles d'excellence”, etc. “La prospective et le projet de société sont deux choses intimement liées”, a affirmé M. Belkacem-Nacer, en déplorant l'absence de projet de société, plus précisément l'expression d'un tel projet, en Algérie. H. Ameyar