Le double attentat s'étant produit non loin du Conseil constitutionnel et au quartier les Oasis, à Hydra, a pour origine deux voitures piégées dont une avec un kamikaze à bord, selon le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui estime qu'“il n'y a pas plus simple que de recourir à de tels actes”. M. Zerhouni fera la même appréciation à la suite de l'attentat ayant ciblé le Palais du gouvernement le 11 avril dernier, et d'ajouter que les groupes armés, qu'ils s'appellent GIA, AIS ou Al-Qaïda, sont en train de réagir par désespoir. Il ne se prive pas à l'époque de privilégier la piste de manipulation de jeunes désœuvrés qui deviennent kamikazes à leur insu. Encore hier, le ministre de l'Intérieur a appelé la population à plus de vigilance pour parer à ce genre d'actes de violence. Le recours aux jeunes kamikazes et aux attentats à l'explosif contre les institutions étatiques est la stratégie qu'a adoptée le GSPC depuis qu'il s'est rallié à la nébuleuse Al-Qaïda. Il faut savoir que pour l'organisation de Ben Laden, le recours aux kamikazes n'est pas l'expression d'un quelconque désespoir. Il est d'abord un choix militaire dicté par une véritable volonté de semer la terreur même si la caution religieuse reste de mise. Les appréhensions des autorités algériennes au sujet d'un enrôlement de jeunes ont reçu une confirmation sanglante lors de l'attaque suicide contre la caserne des gardes-côtes à Dellys, qui a fait trente morts. Le kamikaze n'avait que 15 ans. Il a été embrigadé, selon ses proches, par l'imam de l'Appreval. Le plus troublant et inquiétant est le court délai, n'excédant pas quelques mois, entre la disparition de l'adolescent du domicile familial et l'attentat dont il est l'auteur. Quelques jours après, 13 adolescents âgés entre 14 et 16 ans ont été placés sous mandat de dépôt à Thénia. D'après les services de police, ils avaient reçu des entraînements au maniement des armes et au transport des bombes. Des disques compacts avec des cours d'entraînement au combat avaient été découverts à leur domicile. C'est justement sur ce travail de renseignement qu'il faut aujourd'hui miser, sachant qu'il est presque impossible d'arrêter un candidat à l'attentat suicide à l'instant où il s'apprête à commettre son forfait. Le renforcement du dispositif sécuritaire annoncé après chaque violence terroriste est indispensable, mais ne résoudra pas à lui seul le problème. C'est en premier lieu par le renseignement intérieur et extérieur et la coopération internationale qu'il serait possible d'anticiper les actes terroristes. Or, la faiblesse du renseignement algérien réside dans le nombre important d'acteurs impliqués dans l'anti-terrorisme, les difficultés à coordonner leurs activités, ainsi que la sous-estimation parfois de renseignements cruciaux sur la préparation des attentats par les décideurs. Dans la lutte contre les attentats kamikaze, il s'agit également d'intervenir en amont. Il y a tout un travail de prévention à faire dans les écoles, les mosquées et les prisons qui, selon de récents aveux de repentis, deviennent un lieu privilégié de recrutement de futurs kamikazes parmi la population carcérale arrêtée pour des affaires liées au trafic et consommation de drogue. Force est de constater que ces précieux renseignements ne sont pas suffisamment exploités dans la lutte contre le terrorisme qui reste essentiellement confinée dans le volet répressif. Nissa Hammadi