L'élimination de plusieurs chefs terroristes et le démantèlement de nombreuses bases de l'ex-GSPC n'ont pas empêché l'horreur de se produire. Le double attentat d'avant-hier atteste que l'ex-GSPC est toujours en mesure de mener des opérations, même dans des endroits censés être très sécurisés. L'élément nouveau dans ces attentats est que l'ex-GSPC opte désormais pour des méthodes à l'irakienne. Il tue sans discernement. En s'attaquant au siège du Conseil constitutionnel et à celui de l'organisation des réfugiés, deux structures situées dans des endroits résidentiels, le groupe terroriste cherchait à faire le plus de morts parmi la population. Un procédé qui sonne comme un vent de changement chez les groupes terroristes peu enclins à minimiser les pertes dans les rangs de la population. Ce qui signifie que les successeurs des anciens compagnons de Hattab, comme Abdelhamid Saâdaoui alias Yahia Abou Haytem, et Sofiane El-Fassila ont tendance à s'inspirer de plus en plus des méthodes d'Al-Qaïda, notamment de sa principale succursale qui sévit en Irak. La mise hors d'état de nuire de nombreux chefs terroristes faisant partie de l'ancienne génération de l'ex-GSPC et la reddition de certains d'entre eux, considérés comme des opposants au ralliement de l'ex-GSPC à Al-Qaïda, semblent arranger de mieux en mieux un Droukdel partisan d'une “qaïdaïsation” pure et directe du mouvement salafiste algérien. Le double attentat d'avant-hier n'est qu'un saut qualitatif vers ce nouveau mode de fonctionnement de l'ex-GSPC, dirigé par un Droukdel qui a toujours rêvé de faire de son groupe une base avancée d'Al-Qaïda en Afrique et dans le bassin méditerranéen. Un mode de fonctionnement basé, notamment sur les attentats kamikazes et aveugles. Cette dernière qui est en perte de vitesse dans d'autres pays, notamment arabes et musulmans ces derniers mois, semble vouloir trouver en l'ex-GSPC version Droukdel un autre champ pour marquer la scène médiatique internationale. Ainsi, l'ex-GSPC semble rompre avec les anciennes méthodes pour se diriger vers un mode d'organisation et de fonctionnement plus proche de celui d'Al-Qaïda. Les nombreux “émirs” qui ont disparu, ont été remplacés par des terroristes proches de Droukdel à l'image du chimiste Ahmed Djebri, qui a été nommé conseiller militaire à la place de Ali Diss, tué en juillet 2007. Le nouveau conseiller militaire de l'“émir” de l'ex-GSPC est un ancien ingénieur de la SNIC et originaire de Lakhdaria. Ancien “émir” de katibat El-Farouk, Ahmed Djebri est connu pour avoir développé les explosifs en utilisant les engrais et autres produits chimiques. L'autre conseiller de Droukdel est un certain Cheikh Abdenacer, un idéologue épousant les thèses de Ben Laden et qui est un farouche partisan des méthodes d'Al-Qaïda. Droukdel s'est aussi entouré d'autres hommes dont certains sont issus de son douar comme un Hodheïfa de Baraki. Ce dernier aurait même été proposé pour diriger la zone 2 à la place de Sofiane El-Fassila, tué par les forces de sécurité, mais sa nomination aurait été rejetée par Abdelhamid Saâdaoui deux mois avant sa mort. Ce dernier avait imposé finalement un de ses amis d'enfance, en l'occurrence Touati Othmane alias Abou El-Abbas à la tête de la principale zone de l'ex-GSPC. Ce coup de force opéré contre la volonté de Droukdel par “le groupe de Boumerdès”, dominé pendant longtemps par le trio Saâdaoui Abdelhamid-Harek Zoheir-Touati Othmane, visait en premier lieu à préserver la zone 2 entre les mains du groupe de Boumerdès et empêcher Droukdel de faire des changements à la tête des katibate par le biais de son bras droit Hodheïfa. Mais Droukdel semble profiter de la mort de Saâdaoui et des autres “émirs” pour imposer sa stratégie et ses méthodes calquées sur Al-Qaïda et qui reposent essentiellement sur les attentats aveugles et spectaculaires. Reste à savoir si les jeunes Algériens encore dans les maquis sont prêts à massacrer des enfants et des femmes pour satisfaire Ben Laden et consorts. M. T.