Ce carrefour situé entre les trois wilayas des hauteurs de la Kabylie est devenu un véritable obstacle pour de nombreux usagers de la route. Le col de Chellata, situé à la croisée des chemins entre Illiltène, Illoula (wilaya de Tizi Ouzou) et Akbou (wilaya de Béjaïa), avec accès vers la wilaya de Bouira, est devenu ces derniers temps un sérieux coupe-gorge de par les dangers qui y guettent. Un véritable “triangle des Bermudes” où, moult fois, des automobilistes des localités avoisinantes ont été victimes de faux barrages pour le vol de voitures, de racket, d'agressions… Ce carrefour entre les trois wilayas des hauteurs de la Kabylie est devenu un véritable obstacle pour de nombreux usagers de la route. Le site est d'une beauté naturelle rarissime, avec ses beaux paysages que domine de toute sa majesté le pic d'Azrou n'Thor, le saint protecteur de la localité d'Illiltène. Sur cette hauteur à 1600 m d'altitude, beaucoup de citoyens ont été rackettés, délestés de leurs véhicules, de leur argent, de leurs portables et même de leurs chaussures, comme c'est le cas d'un jeune émigré qui rentrait au bled après plusieurs années d'absence. Selon nos informations, ces bandits opèrent en groupes, portent des cagoules et sont armés de fusils à canon scié. Ils barrent le passage en disposant des pierres sur la route, obligeant les automobilistes à s'arrêter. Ils s'emparent ensuite par la force de tout ce qui leur tombe sous la main (portables, argents, véhicules, marchandises…), tout est bon à prendre. Pour s'éviter quelque mauvaise surprise, ces bandits des grands chemins postaient toujours un guetteur sur un point stratégique pour surveiller tout le mouvement de la route, ce qui leur permet de sélectionner leurs victimes éventuelles. Le guetteur repère les véhicules et donne le signal à ses acolytes qui passent à l'acte. Les plus touchés sont les commerçants qui se ravitaillent à partir d'Akbou. “Le lieu est devenu très dangereux, notamment pour nous qui sommes habitués des marchés d'Akbou et de Tazmalt”, dira un des commerçants. Comparativement aux années précédentes, ces brigands semblent changer de tactique : les guets-apens qu'ils dressent ces derniers jours durent moins de temps et sont perpétrés en plein jour, entre 15h et 17h, généralement. “Avant, les voleurs opéraient au crépuscule ou à l'aube, actuellement on nous rackette en plein jour”, confie un témoin, usager de ce tronçon à risque. Si un automobiliste essaie de résister, il est passé à tabac avant de se faire dépouiller. La commune d'Illiltène comme celle de Bouzeguène dispose de cantonnements de la garde communale, mais pas de véhicules, ce qui réduit le champ d'action des services de sécurité. Ce sont souvent les citoyens des villages qui s'organisent pour poursuivre les malfaiteurs, dans l'espoir de récupérer les biens volés. Ils se demandent où est l'Etat et que peuvent-ils faire dans de pareilles conditions ? “S'il s'agit uniquement de nous envoyer des urnes aux moments des élections, cela ne sert à rien. À quoi bon voter quand la situation se dégrade à ce point ?” s'est interrogée une des victimes. Les témoignages concordent pour exprimer la complexité de la situation. Rien qu'en ce mois de décembre, deux véhicules ont été subtilisés (une Renault Congoo et une Clio), au moment où l'on nous informe aussi d'une tentative de racket, avortée grâce à la hardiesse de la victime qui aurait été légèrement blessé, après avoir fuit. L'identité exacte de ces individus reste inconnue à ce jour. On sait seulement qu'ils écument fréquemment cet endroit, incontournable pour les routiers de la région et point nodal entre les trois wilayas précitées. Pour rappel, les deux voitures volées l'année dernière (une 106 et une Toyota) au cours d'actes semblables, ont été retrouvées quelques jours après, l'une à Béjaïa et l'autre aux environs de Beni Douala (Tizi Ouzou). Ces actes seraient l'œuvre d'un groupe terroriste qui aurait effectué des missions avant de les abandonner sur les lieux. En revanche, celles volées ces derniers jours n'ont encore été retrouvées ni par les services concernés ni par leurs propriétaires, apprend-on de ces derniers. Ceci renforce la thèse de l'existence “de groupes de malfaiteurs spécialisés dans le vol de voitures” circulant à bord d'une Golf noire, armés de fusils de chasse à canon scié. K. T.