Coup de pub à quelques semaines de la campagne électorale pour les élections municipales de mars prochain ? En célébrant sous les ors de l'Hôtel de ville le nouvel an berbère, Yennayer, le maire de Paris a annoncé deux “immenses” projets en faveur de cette communauté. L'année qui vient de s'ouvrir marquera le dixième anniversaire de la disparition du chanteur Lounès Matoub. L'artiste a été traîtreusement assassiné le 25 juin 1998 sur la route menant vers Taourirt-Moussa, son village. En souvenir de cette perte, Bertrand Delanoë veut consacrer “un moment très fort à un Berbère amoureux de Paris”, comme il l'a dit. M. Delanoë a souligné le talent, le courage, la fermeté, la générosité et la sensibilité d'un homme qui a dédié toute sa vie à la défense de la liberté et à celle de sa langue et de sa culture réprimées dans un pays dominé par une pensée unique. Avec Matoub, “nous aimons passionnément la liberté”, a martelé l'édile sous les applaudissements d'une assistance de plusieurs personnes agréablement surprises. Le “grand hommage” que Paris va rendre à ce grand militant de la liberté se traduira par l'inscription du nom de Lounès Matoub sur une rue ou une place qui portera son nom. La veuve du chanteur, Nadia Matoub, s'est réjouie de cette décision. “C'est une reconnaisse méritée”. Avec ce projet, la mairie à majorité socialiste se sera largement rachetée après avoir annulé un colloque dédié à l'artiste en septembre dernier. Paris étant “la troisième ville berbère au monde après Casablanca et Alger”, selon le maire. Le nom de Matoub a déjà été donné en région parisienne à une maison de la culture à Montreuil et à un parvis à Bobigny. En province, des villes l'ont donné à des rues. La capitale rejoint donc ce mouvement. Mais M. Delanoë, sous la menace du GSPC, ne compte pas s'arrêter là. Il a lancé un appel à l'aide des associations pour la création d'une maison de la culture berbère. “Je veux que nous fassions naître à Paris la maison de la culture berbère”, a dit l'édile quasiment assuré de sa réélection. “L'âme berbère est une partie de l'âme de Paris”, a-t-il plaidé soulignant que “les Berbères sont des gens fiers d'eux-mêmes et jamais dans l'exclusion de l'autre”, ce qui les dispose à vivre aisément dans la diversité et le pluralisme. Deux valeurs phare de la République. Y. K.