Sans apporter la moindre preuve, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri, affirme que l'application d'un référendum avec des options d'intégration et d'indépendance est impossible, et ce, à cause de la complexité et de la composition tribale et de l'identification impossible d'un corps électoral précis. Pour le Maroc, tous les moyens sont bons pour empêcher la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental avec des options autres que le plan d'autonomie, qu'il veut imposer au peuple sahraoui. Cette fois-ci, c'est le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri, qui radicalise davantage la position de son pays sur le point du référendum d'autodétermination, en déclarant obsolète la tenue de cette consultation électorale avec plusieurs options, notamment celle de l'indépendance. Accusant l'Algérie et le Front Polisario d'opérer une “lecture sélective” des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, le chef de la diplomatie du Makhzen tente de mettre les responsables sahraouis au pied du mur en affirmant catégoriquement : “Soit l'autre partie saisit la chance offerte par le Maroc, soit elle continue de la refuser, avec la responsabilité d'avoir raté une occasion pour résoudre ce problème à l'échelle régionale et internationale.” Poussant plus loin son raisonnement absurde, Taieb Fassi Fihri défend l'indéfendable en essayant d'expliquer que le déroulement d'un référendum avec plusieurs options est impossible parce que, selon lui, le corps électoral ne peut être identifié : “Vouloir appliquer le principe d'autodétermination de manière exclusive après qu'on ait testé et essayé d'appliquer le référendum avec des options d'intégration et d'indépendance est impossible, et ce, à cause de la complexité et de la composition tribale et de l'identification impossible d'un corps électoral précis, fixant ceux qui sont appelés à voter compte tenu des ramifications, de l'histoire et des déplacements.” Pourtant, la solution de cette question a été apportée par l'ancienne puissance coloniale du Sahara occidental, en l'occurrence l'Espagne. En effet, avant de se retirer de leur colonie, en 1974, les Espagnols avaient organisé un recensement de la population qui dénombrait 74 000 Sahraouis ; ce chiffre, consolidé par l'Onu, faisait état de 70 204 électeurs aptes à voter, répartis entre les camps de réfugiés de Tindouf en Algérie, la Mauritanie ou les villes du Sahara occidental sous contrôle marocain. Avec l'accord des deux belligérants, les Nations unies, sous l'impulsion de l'ex-chef de la diplomatie américaine James Baker, avaient décidé que ce recensement serait la base à partir de laquelle serait élaboré le corps électoral. Mais, depuis, Rabat est revenu sur ses engagements, d'où les reports successifs de la tenue du référendum d'autodétermination. En réalité, le royaume alaouite ne veut pas de ce référendum, pour la simple raison qu'il connaît le résultat d'avance, à savoir le choix de l'indépendance pour lequel opteraient les électeurs, y compris les colons marocains déplacés par Hassan II dans le cadre de sa marche verte le 6 novembre 1975. Partant de cette certitude, le Maroc veut coûte que coûte imposer son plan d'autonomie comme unique base de règlement du conflit. K. ABDELKAMEL