Le chef de la diplomatie marocaine n'a pas manqué d'imputer, encore une fois, à l'Algérie l'immobilisme de l'UMA et l'état actuel des relations algéro-marocaines. A l'issue de la 29e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe (UMA), Taïeb Fassi Fihri a laissé, encore une fois, ses états d'âme s'étaler. Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération soutient que les entraves à l'intégration maghrébine sont dues principalement à «la fermeture des frontières terrestres et à une normalisation totale du fait des nouvelles conditions relatives à la question du Sahara marocain». Cette déclaration rapportée par l'agence MAP laisse entendre que le Maroc n'a guère l'intention d'évoluer sur le conflit du Sahara occidental. La tenue d'un référendum d'autodétermination dans le cadre des résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, qui doit permettre au peuple sahraoui de décider librement de son avenir, si l'on se fie au discours du diplomate marocain, n'est plus et ne sera plus à l'ordre du jour. Le chef de la diplomatie marocaine évoque chaque fois «la question du Sahara marocain» lorsqu'il parle du conflit du Sahara occidental. Fassi Fihri impute ainsi à l'Algérie l'arrêt de la mise en oeuvre de la construction de l'Union du Maghreb. «Cette situation se répercute négativement, non seulement sur les relations entre les deux pays et les deux peuples frères et voisins mais également sur la réalisation de leurs aspirations quant à l'édification de l'UMA», a-t-il ajouté en marge de cette rencontre à laquelle a aussi pris part le ministre algérien des Affaires étrangères. S'agissant du processus d'édification d'un socle maghrébin, le chef de la diplomatie algérienne n'a pas caché qu'elle s'est heurtée ces dernières années à des difficultés conjoncturelles. «Le moment est opportun pour revoir notre méthode de travail, amorcer la réforme des institutions de l'UMA et penser aux meilleures formules pouvant garantir la continuité dans l'édification et la consolidation des bases de l'Union et le renforcement de ses structures», a souligné, mardi à Tripoli, Mourad Medelci. Si la position algérienne concernant la question du Sahara occidental est aux antipodes de celle des autorités marocaines, il faut tout de même rappeler que la brouille entre Alger et Rabat est montée d'un cran lorsque furent fermées au mois d'août 1994, les frontières entre les deux pays. L'hôtel Asni, situé à Marrakech, avait été la cible d'un sanglant attentat terroriste. Le Royaume alaouite a pointé du doigt et désigné les services algériens comme responsables. Suite à quoi, des visas ont été imposés aux Algériens. La mesure fut levée en 2005. L'Algérie en fit de même l'année suivante sans pour autant rouvrir les frontières terrestres. Depuis, la diplomatie marocaine ne rate pratiquement aucune occasion pour évoquer leur ouverture. «Nous caressons tous l'espoir au Maroc que la possibilité d'une normalisation avec l'Algérie puisse se faire au plus tôt et dans les meilleurs délais», avait confié en avril dernier Taïeb Fassi Fihri, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UMA. Des déclarations que l'on aurait pu qualifier d'apaisées si, à peine une semaine avant, à l'occasion d'une marche contre le «mur de la honte» érigé par les autorités marocaines au Sahara occidental, à laquelle ont participé quelque 1400 personnes, l'Algérie n'avait fait encore une fois l'objet, comme à l'accoutumée, de graves accusations. «Cette opération a été menée directement à partir du territoire algérien. Le Maroc ne se laissera pas intimider par de tels agissements et défendra par tous les moyens qu'il jugera appropriés son intégrité territoriale», avait alors déclaré Taïeb Fassi Fihri sur les ondes de la chaîne de télévision 2M. Difficile de rabibocher quoi que ce soit ou de décrypter ne serait-ce que l'ombre d'une tension décrispée lorsque l'on tient de tels propos belliqueux et guerriers. Cette animosité s'est retrouvée de nouveau attisée après le bras fer ayant opposé la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar, au gouvernement marocain après son expulsion vers l'île de Lanzarote aux Canaries. Une fois de plus, Taïeb Fassi Fihri désigne l'Algérie qui aurait, à travers cette affaire, monté une cabale pour discréditer la diplomatie marocaine. Il serait tout de même étonnant que cela soit le gouvernement algérien qui eut l'idée de conseiller les autorités de Rabat pour confisquer le passeport de la militante sahraouie. A Alger, on a fait la sourde oreille à ce trop-plein de provocations loufoques. La position algérienne par rapport à la question du Sahara occidental n'a pas changé d'un iota. Elle est constante. Le chef de l'Etat l'a rappelée au cours de son discours d'investiture au mois d'avril dernier. «Je n'ai pas besoin de réaffirmer nos positions dans le monde arabe, en Afrique et dans le tiersmonde et notre appui à toutes les causes justes, et notamment à celles des peuples en lutte pour leur libération comme le peuple sahraoui et le peuple palestinien», a alors souligné Abdelaziz Bouteflika.