Tout en indiquant que sa décision est irrévocable, l'entraîneur démissionnaire du Chabab de Belouizdad, Mohamed Henkouche, revient dans cet entretien sur les motifs de son départ et sur la dégradation de ses relations avec Mokhtar Kalem, “qui, dit-il, est en train de détruire tout ce qui a été bâti depuis l'intersaison”. Liberté : Après seulement quelques jours de votre retour à la barre technique du CRB, voilà que vous quittez de nouveau le navire… Mohamed Henkouche : Cette fois-ci, c'en était trop. Il m'était devenu impossible de continuer à travailler dans des conditions aussi désavantageuses et difficiles. Si j'ai claqué la porte et quitté le lieu de la mise au vert, ce n'est pas, évidemment, sur un coup de tête, mais bel et bien après avoir mûrement réfléchi et pesé le pour et le contre. Et franchement, je ne pouvais plus supporter davantage la situation. Voyant que les choses n'allaient pas en s'améliorant, j'ai préféré quitter sur-le-champ le lieu de regroupement de l'équipe. C'était une question d'honneur et de principe, entre autres raisons. Mais quelles sont les raisons qui vous ont poussé à jeter l'éponge la veille d'un match ? ll Pour être clair, net et précis, c'est Mokhtar Kalem. C'est-à-dire ? Je ne peux plus collaborer avec un personnage pareil. Figurez-vous qu'il est allé jusqu'à user de pratiques très condamnables et indignes d'un président d'un club aussi prestigieux que le CRB pour me pourrir la vie. Je pense qu'il a tout fait pour me pousser vers la porte de sortie. Pour commencer, il s'immisçait dans le travail du soigneur, de l'entraîneur, des autres membres du staff technique et même du chauffeur. Il a dépassé les limites. Et par-dessus tout, alors que l'équipe est en train d'effectuer un bon parcours, il n'a rien trouvé de mieux à faire pour me porter préjudice que de me dénigrer auprès des joueurs. Là, j'ai dit stop. Ma dignité ne me permet pas de passer l'éponge sur des choses aussi graves. Que leur a-t-il dit au juste ? Pour ne rien vous cacher, il a une première fois pris un joueur en aparté pour lui dire, texto “si Henkouche n'était pas ton ami, on t'aurait renvoyé depuis longtemps”. Il a dit à d'autres éléments que “cet entraîneur n'a pas de personnalité, on l'a renvoyé et il est revenu”. Ce qu'il a dit à ce sujet est grave et drôle à la fois car primo, je n'ai pas été renvoyé, mais j'ai démissionné de mon propre chef. Secundo, il m'a supplié de revenir, si je l'ai fait, c'est uniquement pour continuer le travail entamé avec un si prestigieux club. Tertio, je suis revenu pas parce que c'est lui qui me l'a demandé, mais pour ne pas décevoir les autres responsables et les supporters qui comptaient sur moi. Mais ce qui m'a vraiment décidé à quitter pour de bon le CRB de Kalem, c'est quand il a déclaré jeudi aux joueurs que “vous avez un entraîneur de pacotille”. Là, il venait de dépasser les limites. J'ai alors pris mes affaires, salué mes joueurs en prenant le soin de les charger de lui dire que “l'entraîneur de pacotille est parti”. Quelle a été la réaction de Kalem ? Elle ne m'intéresse pas du moment que le mal a été fait et que ma décision a été prise. Par contre, il m'a appelé plusieurs fois sur mon téléphone portable, mais je ne voulais pas répondre. Comme vous avez démissionné une première fois avant de revenir à de meilleurs sentiments, vous pourrez le refaire cette fois-ci, non ? Il n'en est pas question. C'est une décision bien réfléchie et irrévocable. Je ne travaillerai plus avec Kalem, car il a tout fait pour me pousser à partir. Maintenant que c'est fait, il peut placer qui il veut. Pourriez-vous être plus explicite ? Kalem voulait placer un certain Abbour comme adjoint. Pour parvenir à ses fins, il a même projeté d'écarter Bakhti. Comme ce plan n'a pas marché, il s'est retourné contre moi. Il a toute latitude de le faire à présent. Ne craignez-vous pas que les supporters du Chabab vous accusent d'avoir abandonné l'équipe la veille d'un match important ? Sur ce point, je suis tranquille, car tout Belcourt connaît les agissements de Kalem et sait ce qu'il a fait pour m'écarter. Les supporters savent pertinemment que je souhaitais vraiment continuer l'œuvre entamée à l'intersaison. Ces mêmes supporters sont d'ailleurs témoins de l'énorme travail effectué avec des moyens dérisoires. Ils savent que j'ai travaillé avec sérieux, professionnalisme et dévouement. Comme j'ai toujours entretenu d'excellentes relations avec les supporters et les proches du club, ils n'ignorent pas également que je quitte ce club avec un pincement au cœur. Mais comme tout être normal, je ne peux pas continuer à travailler avec un malade. Entretien réalisé par A. Karim