Les animateurs du Forum d'El Moudjahid ont initié, hier matin, une conférence-débat sur les séismes en Algérie. Ils ont invité, pour la circonstance, un panel d'experts et d'intervenants sur cette catastrophe naturelle, à savoir M. Belazougui Mohamed, directeur général du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS), M. Yalès Chaouch, directeur général du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et Géophysique (Craag), les présidents du Conseil national des experts architectes (Cnea) et du Croissant-Rouge algérien, ainsi le colonel Allel de la Protection civile et M. Chelghoum, expert en sismologie. Pourtant, les interventions n'ont pas réellement apporté des faits nouveaux sur un phénomène connu mais hautement redouté par les Algériens. “Il y a une activité sismique quotidienne au nord du pays. Cela fait partie de la vie des Algériens”, a confirmé M. Chaouch. M. Belazougui a indiqué que le pays n'a commencé à s'organiser pour faire face aux risques majeurs qu'au milieu des années 1980, échaudé par la douloureuse expérience du tremblement de terre de Chlef (El-Asnam à l'époque), qui a fait plus de 3 000 morts et causé quelque 3 millions de dollars américains en dégâts matériels. “Chaque séisme est un laboratoire à ciel ouvert, qui nous apprend davantage sur le comportement du sol et la stratégie à adopter pour la prévention”, a-t-il précisé. M. Chelghoum, expert en sismologie, a corroboré la nécessité absolue de miser sur la prévention des risques majeurs, qui se concrétise essentiellement par des constructions parasismiques. À ce titre, il a indiqué qu'il est très difficile, même avec des connaissances approfondies en sismologie, géologie et autres, de savoir à quelle date précise et à quel endroit tremblera la terre. Il faudra donc éviter l'effondrement des bâtisses en menant une bonne étude du sol avant la conception de l'ouvrage et de mettre en œuvre une structure adaptée qui résistera aux mouvements incontrôlés de la Terre. Pour le rappel, M. Chelghoum a exposé au Sénat, il y a quelques années, une simulation de l'ampleur des pertes humaines et matérielles qu'occasionnerait une grande secousse tellurique à Alger. Il avait surtout mis l'accent sur la vulnérabilité du vieux tissu urbain de la capitale dans lequel sont implantés les sièges des institutions et organismes névralgiques de l'Etat. Il semblerait que les leçons des terribles tremblements de terre de Chlef en 1980 et de Boumerdès en 2003 n'ont pas été vraiment tirées, puisque le conférencier a affirmé que le non-respect des normes parasismiques constituent “la grande défaillance” dans le secteur du bâtiment en Algérie. Le directeur général du CGS a informé que les CTC (organismes de contrôle technique des constructions) s'assurent de la conformité des grands ouvrages au stade de la conception sur plan. A contrario, il est plus difficile de se prononcer sur les constructions individuelles, suivies par des architectes ou des entrepreneurs. “Nous avons des doutes quant à leur bonne tenue lors d'un séisme”, a-t-il expliqué. Abdelhamid Bendaoud, président du CNEA, a souligné l'existence effective d'un arsenal juridique relatif à la gestion et à la prévention des risques majeurs. “Son application fait défaut. C'est ça le problème.” Le colonel Allel de la Protection civile a rapporté que la gestion des catastrophes naturelles demeure problématique, même si l'Etat a élaboré une stratégie globale en la matière. “Des plans Orsec existent dans chaque wilaya et même dans chaque commune.” Le directeur général du Croissant-Rouge algérien a rappelé que la panique tue davantage que le séisme lui-même. Son organisation mène une campagne, dans les établissements scolaires, pour montrer aux élèves et aux enseignants de quelle manière il faut réagir si une catastrophe naturelle se produit durant les heures de classe. Malheureusement, lui et son équipe ont constaté que les écoles ne sont nullement conçues pour faciliter des évacuations d'urgence. Souhila H.