L'ex-président indonésien Suharto, considéré comme le dirigeant le plus corrompu des temps modernes, est mort dimanche à Jakarta au terme d'une longue agonie dans un hôpital de Jakarta où il était soigné pour des problèmes cardiaques, pulmonaires, rénaux et digestifs. Il a gouverné d'une main de fer pendant 32 ans le quatrième pays le plus peuplé de la planète. Vilipendé pour sa corruption et ses crimes, Suharto demeurait au contraire respecté par des millions d'Indonésiens et il a bénéficié de nombreux égards pendant sa maladie. Le président de la République, le gouvernement et les chefs de partis s'étaient pressés à son chevet tandis que des veillées de prière étaient organisées pour Pak Harto, ainsi qu'il était surnommé respectueusement. Suharto, qui a quitté le pouvoir en mai 1998 sous la pression de manifestations, est toujours reconnu comme le père du développement de l'Indonésie. Sous son régime, l'Indonésie est parvenue à subvenir à ses besoins en riz et les exportations ont connu un essor glorieux. Mais l'ex-général a également mené au tournant des années 1965 et 1966 une féroce répression contre le parti communiste indonésien et ceux considérés comme ses alliés, qui a débouché sur le massacre de 500 000 à un million d'Indonésiens. Il a systématiquement réprimé les dissidents, écrasé les mouvements séparatistes et occupé le Timor oriental, provoquant la mort d'un tiers de sa population. Des faits toujours impunis. Accusé d'avoir, avec sa famille, amassé de 15 à 35 milliards de dollars, il aura finalement réussi à échapper à toute condamnation. Les tentatives de le poursuivre devant la justice ont en effet échoué à plusieurs reprises. Ces dernières semaines, les appels à l'absoudre s'étaient multipliés. Les analystes s'accordaient pour reconnaître que son empreinte sur le système politique indonésien n'était pas près de s'effacer. L'ex-dictateur devrait être inhumé aujourd'hui dans le centre de Java, près de l'ancienne cité royale de Solo. D. B.