En confirmant l'attaque et en imputant sa responsabilité au GSPC, les responsables du Mossad ne cherchent-ils pas finalement un prétexte pour conforter leur présence dans la région, sous prétexte de protéger leurs intérêts ? Le service de renseignement israélien, le Mossad, a affirmé que l'attaque de son ambassade à Nouakchott est l'œuvre de la branche Afrique du Nord d'Al-Qaïda. Le GSPC, opérant sous la bannière d'Al-Qaïda, s'est empressé de revendiquer les tirs, vendredi matin, sur l'ambassade de l'Etat hébreu qui ont fait trois blessés, des ressortissants français qui se trouvaient dans les environs de l'édifice. Méir Dagan, le responsable du Mossad a confirmé devant la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le Parlement israélien, que c'est bien l'ambassade qui était visée par l'attaque. S'il est de bonne guerre pour le GSPC de revendiquer en quête de résonance et d'impact populaire surtout dans les milieux islamistes, l'empressement d'Israël à désigner l'auteur est problématique à plus d'un titre. Cela d'autant que l'attentat contre la synagogue de Djerba, un lieu de culte juif, en Tunisie a été, en son temps, accueilli avec beaucoup de prudence. Si les Israéliens confirment l'attaque, c'est qu'une décision de riposte, dans une forme qu'ils vont choisir et quitte à ce qu'elle déplaise au reste de la communauté internationale, est prise. C'est également donner au groupe terroriste une dimension et une capacité de nuisance qu'il n'a pas. Les experts en la matière donnent ce groupe comme étant des plus faibles en matière de moyens, d'hommes et surtout de stratégie. L'appréciation israélienne reste, cependant, un argument pour accentuer les pressions sur cette région du monde qui demeure, malgré la normalisation entre Israël, le Maroc et la Mauritanie, au plan populaire hostile à l'entité sioniste. Cela dit, Al-Qaïda Maghreb est une menace réelle pour la stabilité de la région, et cet attentat confirme, si besoin est, la justesse de la décision d'annulation du rallye Lisbonne-Dakar suite à des informations faisant état d'une volonté du GSPC de commettre des attentats sur son parcours. Et si les terroristes arrivent à attaquer au cœur de Nouakchott, dans un quartier résidentiel, qu'en aurait-il été dans le désert ! Reste à savoir maintenant quelles sont les intentions d'Israël, allié éternel des Etats-Unis, cela d'autant que les USA cherchent encore à installer une base militaire dans la région alors qu'ils ont déjà engagé une opération de coopération militaire avec les pays du Sahel. La pression va davantage s'intensifier sur la Mauritanie, et partant les pays voisins, sous prétexte de son incapacité à faire face au terrorisme. Israël qui a une présence symbolique pourrait sous-traiter pour l'armée américaine pour son implantation. Perspective qui a pourtant été reçue avec beaucoup de prudence quand ce n'est pas carrément un rejet. C'est le cas de l'Algérie qui refuse par principe la présence de forces étrangères sur son sol. Ni le Maroc ni la Mauritanie où une forte tendance populaire à la rupture des relations diplomatiques avec Israël s'est fait récemment connaître, n'ont accueilli favorablement la proposition américaine. Israël, s'appuyant sur le motif de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région et sous prétexte de protection de ses intérêts franchement menacés par Al-Qaïda Maghreb pourrait, par le biais d'une coopération militaire, tout au moins une coopération de conseil, ouvrir une brèche, par cette parade, à l'installation d'une base US alors que les soldats instructeurs américains sont déjà dans la région dans le cadre du programme Flink out. Le but est de donner une dimension plus grande et stable à cette présence dans la sous-région. Pour Israël si l'Etat ou les Etats concernés sont incapables de réagir, sa réaction ne se fera pas attendre. Et le GSPC de lui faciliter la tâche. Djilali B.