Outre des passeports britanniques, les membres du commando accusé de cet assassinat ont utilisé, selon la police de Dubaï, des passeports français, irlandais, allemands et australiens également falsifiés. Après l'expulsion d'un diplomate israélien par la Grande-Bretagne, Israël craignait hier des mesures de rétorsion similaires d'autres pays éclaboussés par l'affaire des passeports falsifiés utilisés lors du meurtre, en janvier, d'un cadre du Hamas à Dubaï. Outre des passeports britanniques, les membres du commando accusé de cet assassinat ont utilisé, selon la police de Dubaï, des passeports français, irlandais, allemands et australiens également falsifiés. Pour manifester son mécontentement, le Royaume-Uni a annoncé mardi l'expulsion d'un diplomate israélien. Selon Londres, la «responsabilité» d'Israël a été établie dans l'utilisation de faux passeports britanniques par l'équipe soupçonnée d'avoir tué Mahmoud Al-Mabhouh, un chef militaire du mouvement islamiste palestinien dont le corps a été retrouvé le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï. Pour sa part, le parquet de Paris a annoncé mardi avoir ouvert une enquête préliminaire pour faux et usage de faux, détention de faux documents administratifs, prise du nom d'un tiers pouvant entraîner des poursuites pénales pour l'utilisation de quatre passeports français falsifiés ou utilisés sous de fausses identités. L'Australie, elle, attend les résultats de sa propre enquête avant de prendre d'éventuelles mesures. La police de Dubaï accuse le Mossad, le service de renseignements extérieur israélien, de l'assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, un des fondateurs de la branche militaire du Hamas. Depuis, Interpol a émis 27 avis de recherche concernant des porteurs de passeports occidentaux - falsifiés ou utilisés sous de fausses identités - dont 12 Britanniques, 4 Français et 1 Allemand. Les autorités israéliennes espèrent toutefois que la sanction de Londres signale la fin de cette affaire. La priorité est désormais de calmer le jeu, a déclaré une source gouvernementale israélienne, sous couvert de l'anonymat, en ajoutant qu'Israël n'avait pas l'intention d'expulser le diplomate britannique en représailles. La radio publique israélienne a, pour sa part, confirmé que le diplomate expulsé était un membre du Mossad et qu'il sera remplacé «sous peu» par un autre agent. Certains responsables israéliens estiment que la décision britannique répond à des considérations électoralistes. «La décision d'expulsion est avant tout politique à l'approche des législatives, début mai. David Miliband (le ministre des Affaires étrangères), qui mène depuis longtemps une politique anti-israélienne, veut ainsi mobiliser les voix des musulmans», selon un «haut responsable» israélien non identifié cité par la radio. Pour la plupart des commentateurs, Israël s'en sort finalement bien. «L'affaire se clôt à un prix raisonnable», souligne le quotidien Yediot Aharonot, sans exclure toutefois d'autres expulsions ailleurs. «Tant que la paix ne règne pas chez nous et que nos excellents garçons poursuivent leurs activités de James Bond, ce scénario se répétera», prédit ce journal. Les médias ne se privent pas de rappeler de précédents «incidents» entre Israël et la Grande-Bretagne impliquant le Mossad. En 1986, alors que Margaret Thatcher était au pouvoir, un agent du Mossad avait laissé une enveloppe contenant huit passeports britanniques dans une cabine téléphonique en Allemagne. Ces documents avaient été falsifiés à l'ambassade d'Israël à Londres. A l'époque, les responsables israéliens s'étaient engagés à ne plus recommencer. Mais deux ans plus tard, des diplomates israéliens avaient été expulsés du Royaume-Uni pour avoir utilisé un Palestinien comme agent double. La Dame de fer avait alors ordonné la fermeture -provisoire - de l'agence du Mossad à Londres tandis que deux «diplomates» étaient expulsés.