Dubaï accuse les services secrets israéliens d'être derrière l'assassinat d'un cadre du mouvement palestinien Hamas tué le 20 janvier dans l'émirat. C'est l'histoire d'une opération commando menée vraisemblablement par un des services secrets les plus réputés, le Mossad. Une opération secrète mais ratée, puisque le Mossad est désormais sur la sellette. M. Mabhouh, 50 ans, un des responsables du Hamas palestinien, a été tué le 20 janvier dernier dans un hôtel de Dubaï. C'est une personnalité importante de l'organisation palestinienne, un pourvoyeur d'armes pour ce mouvement islamiste et l'un des fondateurs de sa branche armée. « Notre enquête a révélé que le Mossad est impliqué dans le meurtre de Mahmoud Mabhouh. Il est certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l'assassinat. » C'est ce qu'a révélé le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan. « Les indices dont dispose la police de Dubaï montrent un lien clair entre les suspects et des gens en relation directe avec Israël », ajoute le général Khalfan. Sur les images diffusées par la police de Dubaï, on voit plusieurs membres du commando déambulant dans les couloirs de l'hôtel Al Boustane Rotana, certains vêtus d'un short , raquette de tennis à la main, comme si de rien n'était. Le 5 février, le chef de la police de Dubaï a affirmé qu'il lancerait un mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'il s'avérait que le Mossad était responsable de l'assassinat de Mahmoud Mabhouh. Onze personnes sont recherchées pour cet assassinat ; celles-ci étaient munies de passeports européens (trois Irlandais, six Britanniques, un Français et un Allemand). Londres et Dublin demandent des comptes à Israël Les ambassadeurs d'Israël à Londres et Dublin étaient convoqués, hier, par les gouvernements britannique et irlandais pour s'expliquer sur l'utilisation de faux passeports dans l'assassinat d'un cadre du Hamas à Dubaï, à l'origine de vives tensions diplomatiques. Dans une déclaration au quotidien officiel Al Bayane, jeudi, le général Khalfan a affirmé que les passeports européens utilisés par le commando n'étaient pas des faux. « Les officiers des services d'immigration ont été formés par des experts de sécurité européens pour détecter les faux passeports », a-t-il dit. « Ils ont appliqué ces procédures à l'aéroport lors de l'arrivée des suspects et n'ont pas détecté de falsification. » Il a ajouté que la police dévoilerait « dans les prochains jours de nouveaux indices, outre les vidéos des caméras de surveillance et les photos » des suspects publiées lundi. « Ces nouveaux indices lèveront tous les doutes » sur l'identité des meurtriers. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, seul responsable israélien à avoir réagi aux soupçons pesant sur le Mossad, a maintenu le flou sur une éventuelle implication des services secrets. Des commandos israéliens ont souvent utilisé par le passé de faux passeports étrangers, notamment en 1997 lorsque des agents du Mossad avaient tenté en vain d'assassiner Khaled Mechaal, un dirigeant du Hamas en Jordanie, où ils étaient entrés avec des passeports canadiens. En 2005, Israël avait présenté ses excuses à la Nouvelle-Zélande après que deux agents du Mossad eurent été condamnés à six mois de prison par un tribunal d'Auckland pour avoir tenté de se procurer illégalement des passeports néo-zélandais. Selon des spécialistes du renseignement, il devient de plus en plus nécessaire pour des services secrets d'user d'identités authentiques pour la fabrication de faux passeports, vu les moyens informatiques sophistiqués dont disposent les polices de frontières. Les complicités peuvent être surprenantes : la police de Dubaï a annoncé que deux suspects palestiniens, qui auraient aidé le commando, avaient été arrêtés. De son côté, le Hamas appelle à la vengeance ; l'organisation palestinienne affirme que la riposte sera à la hauteur du crime commis.