Rien ne va plus entre Moscou et Washington. Le ton qui monte à propos, du Kosovo rappelle le temps de la guerre froide. Les Etats-Unis restent cependant prudents car l'affaire du Kosovo divise également l'Europe où il n'y a que la France à pavoiser pour la naissance du nouvel Etat. Le président russe a déploré la proclamation d'indépendance du Kosovo, un “horrible précédent qui va revenir comme un boomerang dans la gueule des Occidentaux”. Et ce n'est pas Bush qui lui a répondu, mais le numéro trois du département d'Etat, Nicholas Burns, qui s'est dit inquiet de la tournure en Serbie où l' ambassade des Etats-Unis a été prise à partie par les manifestants hostiles à l'indépendance du Kosovo. Burns s'est cependant abstenu de répondre directement aux questions qui lui demandaient si la Russie attisait les tensions en Serbie. Interrogé lui aussi sur ces propos, le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a refusé d'accuser la Russie, se contentant de souligner que les Etats-Unis auraient souhaité que la Russie joue un rôle plus utile et plus constructif. Washington a assuré continuer à travailler avec Moscou. Les violentes émeutes de jeudi à Belgrade, qui ont pris notamment pour cible l'ambassade des Etats-Unis après un rassemblement de masse contre l'indépendance du Kosovo, coïncident avec le déblocage apparent des négociations sur de nouvelles sanctions internationales contre l'Iran, qui refuse de suspendre ses activités controversées d'enrichissement de l'uranium. Washington a besoin du soutien de la Russie, traditionnellement réticente à approuver des sanctions contre l'Iran, sur ce dossier que l'administration américaine considère comme crucial et qui est bloqué depuis novembre. Les Etats-Unis ont également besoin de La Russie pour le dossier du nucléaire nord-coréen, qui sera au centre d'une tournée en Asie où la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, s'est rendue hier. Le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a averti que le climat de violence en Serbie empêchait la reprise des négociations de rapprochement avec Belgrade mais, en Europe, l'indépendance du Kosovo est loin de faire l'unanimité. L'Espagne par exemple n'est pas prête à reconnaître le nouvel Etat, d'autant que les Serbes bosniaques proclament qu'ils avaient le droit, à terme, de faire sécession, si l'ONU et une majorité des pays de l'UE reconnaissaient l'indépendance du Kosovo. D. B.