La Russie de Poutine ne lésine plus sur ce qu'il considère comme sa part dans le monde. Il a fixé des lignes rouges à Bush : pas de bouclier antimissile américain en Europe et rien ne se fera au Kosovo sans l'approbation de la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que le déploiement du bouclier antimissile américain en Europe et la question du Kosovo constituaient des lignes rouges sur lesquelles Moscou ne marchande pas. La liste devait être plus longue à en croire le chef de la diplomatie qui a insisté sur tous les points, sans les nommer, qui représentent une réelle menace pour la sécurité russe et même pour l'ordre international. Lavrov s'exprimait devant les étudiants de l'Institut des relations internationales de Moscou. Sur le projet d'installation de bases antimissiles en Europe centrale, envisagées aux portes de Moscou, et la question du Kosovo que Washington veut autonomiser au détriment de Belgrade, “la Russie ne marchande pas et nos partenaires internationaux doivent le comprendre”, a-t-il averti. Moscou estime que le projet américain d'installation d'un radar en République tchèque et de missiles intercepteurs de missiles en Pologne menace sa sécurité. Le président russe a proposé en juillet, à Kennebunkport (Etats-Unis), à son homologue américain d'y renoncer et d'utiliser à la place le radar de Gabala en Azerbaïdjan, sans le convaincre. Washington reste attaché à son projet aux portes de Moscou. Il faut comprendre que la confiance ne règne plus entre les deux pays protagoniste de la guerre froide. Poutine a, par ailleurs, pris les devants en rassemblant autour de la Russie des pays asiatiques, dont la Chine. Maniant le froid en direction de l'Occident, d'une manière générale, une constante dans la diplomatie russe ces derniers temps, le ministre russe a, cependant, émis l'espoir que les consultations entre Washington et Moscou sur la défense antimissile, aboutissent. “Les Etats-Unis et la Russie ont hérité du passé une responsabilité commune pour le maintien de la stabilité stratégique dans le monde”, a-t-il rappelé. La menace du retour au temps de la guerre froide est perceptible. D. Bouatta