Israël est presque isolé sur le plan international où la dernière salve vient de lui être assénée par le Costa Rica qui a officiellement reconnu l'Etat de la Palestine, après avoir déplacé en 2006 son ambassade de Jérusalem à Tel-Aviv. En Europe, il n'y a plus que la France de Sarkozy à donner encore des signaux forts en direction d'Israël, en s'y rendant pompeusement le mois prochain, après avoir imposé au prestigieux Salon du livres de Paris son organisation sous le thème d'Israël. Aux Etats-Unis, Bush a fait le voyage à Ramallah et la campagne électorale pour sa succession en novembre n'a pas l'air d'avoir mis en branle les lobbys juifs, certainement à cause de ce qui se passe dans les territoires palestiniens et du refus d'Olmert de faciliter le plan d'Annapolis. Pour sortir de l'impasse, Israël recourt à la diversion comme il en a l'habitude. Cette fois, il frappe fort en invoquant al-Qaïda qui, selon les responsables israéliens, serait à l'origine de la radicalisation des Palestiniens à Gaza, notamment où la guerre n'a pas cessé. Dans leur plaidoyers, les Israéliens mettent en avant la cassette du 29 décembre 2007 d'Oussama ben Laden dans laquelle il lançait : “Nous ne reconnaîtrons jamais le droit des Juifs à un Etat, pas une once de terre en Palestine... Le sang appelle le sang et les démolitions les démolitions.” Ainsi que tous les sites anti-israéliens dans les forums islamistes radicaux. Israël tente de faire croire que les jeunes Palestiniens de la Cisjordanie se préparent également à l'implantation, “prochaine et certaine”, de réseaux d'al-Qaïda ! Olmert n'a-t-il pas averti quand la frontière s'est ouverte entre Gaza et l'Egypte, avoir vu passer des armes et des combattants étrangers venir infiltrer Gaza pour y mener le combat contre Israël ? Pourtant, Moubarak n'avait cesse d'affirmer qu'il contrôlait la situation de ce point de vue. On sait que des Palestiniens avaient été arrêtés en Egypte durant l'ouverture des frontières par les Gazaouis, soumis à un embargo depuis une année et qu'ils ont été reconduits à Gaza. Par ailleurs, pour contraindre les Egyptiens, Olmert a jeté près de 7 000 “clandestins” africains réfugiés en Israël dans le Sinaï, en Egypte ! Israël, qui n'a pas arrêté de bombarder dans Gaza, parle aujourd'hui d'un groupuscule qui s'est baptisé Fath El Islam, en hommage à celui qui a tenu tête pendant trois mois à l'armée libanaise l'été dernier. L'objectif est de faire croire que les adeptes du djihad global sont déjà sur place dans l'enclave palestinienne. L'Israélien Ruben Paz, directeur du Projet de recherches sur les mouvements islamistes à l'institut de contre-terrorisme d'Herzlia, près de Tel-Aviv, assure : “Hamas, au pouvoir à Gaza, ne laissera pas les choses aller trop loin. En cas d'attaque terroriste menée par des djihadistes contre Israël à partir de Gaza, il ouvrirait les hostilités contre eux, car cela le mettrait en danger lui aussi.” D. B.