Un non catégorique : c'est la réponse transmise le week-end dernier à Washington par le Premier ministre israélien en réponse à la requête de Barack Obama demandant à l'Etat hébreu d'arrêter totalement les projets de construction à Jérusalem-Est. C'est, en tout cas, ce qu'a révélé jeudi l'entourage de Benjamin Netanyahu, au moment même où George Mitchell devait reprendre les discussions avec les responsables israéliens à Tel-Aviv et l'autorité palestinienne à Ramallah, dans une énième tentative de lancer les négociations indirectes dites de proximité. Cette nouvelle évolution vers un renforcement du blocage rend la tâche encore plus difficile pour l'émissaire américain. D'un côté, les Palestiniens posent comme préalable à toute reprise des négociations le gel des constructions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, territoires annexés illégalement par Israël depuis la guerre de 1967. De l'autre, le gouvernement israélien vient de donner une réponse négative à Washington à ce sujet. Les Palestiniens souhaitent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat, et l'Etat hébreu clame que Jérusalem est sa capitale éternelle et qu'elle est une et indivisible. Selon le plan de partage adopté en 1947 par les Nations unies, Jérusalem devait avoir un statut de ville internationale après la création de deux Etats en Palestine. En 1949, à l'issue de la première guerre israélo-arabe, la ville a été divisée en deux : Jérusalem-Est du côté jordanien et Jérusalem-Ouest du côté israélien. Jérusalem-Est désigne en réalité le secteur arabe de la ville, qui comprend, en plus de la vieille ville, des quartiers dans le nord, le sud et l'est de la cité. En 1967, à la suite de la guerre dite des six jours, Israël annexe Jérusalem-Est peuplée très majoritairement d'Arabes, annexion délégitimée par la communauté internationale. Depuis 1968 à ce jour, l'Etat hébreu n'a cessé d'y construire des colonies. Côté israélien, non seulement le gouvernement ne veut pas en démordre concernant le statut de Jérusalem, mais on commence à rejeter même le principe de “discussion de proximité” voulu par les Etats-Unis. Danny Ayalon, vice-ministre des Affaires étrangères, issu du parti Israël Beiteinou d'Avigdor Lieberman, a affirmé à la radio militaire que son gouvernement refuserait toute tentative étrangère de fixer un calendrier pour la création d'un Etat palestinien. “Il ne faut pas faire de nouvelles concessions parce que quelqu'un est pressé, uniquement parce que quelqu'un dit qu'il faut créer un Etat palestinien d'ici deux ans”, a-t-il déclaré, faisant clairement allusion au président américain Barack Obama, dont il a fustigé les initiatives. Non seulement la stratégie du gouvernement Netanyahu annihile tous les efforts de paix, mais elle est de plus en plus clairement une source de tensions entre Tel-Aviv et Washington. Tout en tentant de minimiser l'étendue de la crise avec Washington, le Premier ministre israélien a néanmoins reconnu, lundi, l'existence de “problèmes importants” entre son gouvernement et l'administration Obama. Aux Etats-Unis, c'est le conseiller à la sécurité nationale, le général James Jones, qui, s'exprimant mercredi à l'Institut politique du Proche-Orient à Washington, a le mieux explicité l'approche de la Maison-Blanche dans ce dossier. Pour lui, la solution à deux Etats, “un Etat juif d'Israël vivant en sécurité à côté d'un Etat palestinien viable et indépendant” est dans l'intérêt des Etats-Unis. Elle permettrait de priver le terrorisme islamiste d'un argument de recrutement parmi les populations arabes et musulmanes et contraindrait “l'Iran à cesser de détourner cyniquement l'attention de ses défaillances à répondre à ses obligations”. Entre la Maison-Blanche et le gouvernement Netanyahu, la crise est réelle et on ne s'en cache pas, d'un côté comme de l'autre. Même s'il est évident qu'une rupture entre les deux Etats est hors de question en vertu de leurs liens particuliers des intérêts communs, il n'en demeure pas moins qu'un bras de fer est engagé entre Netanyahu et Barack Obama. Et, dans un bras de fer, il y a fatalement un vainqueur et un vaincu.