Encore une découverte de champs de pavot à Adrar. Hier matin, agissant sur information, des gendarmes de la compagnie de Timmimoun ont découvert 10 plantations de cannabis et d'opium. Une vraie ferme où sont cultivées ces deux plantes illicites. Quinze hectares de plantations ! Une vraie vocation agricole pour cette région qui s'est fait la réputation de cette culture depuis 2007 lorsque ces services ont découvert des plants de pavot et une plantation de quinze hectares. Les nouveaux adeptes de cette culture illégale semblent avoir définitivement changé d'option en transformant la vocation des terres destinées à l'agriculture ordinaire en culture de la drogue venue d'Orient, particulièrement d'Afghanistan. Il est aussi curieux que seul Adrar a connu la prolifération de cette activité de manière aussi surprenante que brutale. Car en effet, on y a découvert non seulement des plantations, mais aussi des plants séchés. Ce n'est pas une simple coïncidence ou un fait isolé, mais un phénomène bien organisé, un réseau qui s'est trouvé une nouvelle perspective en important cette nouvelle herbe “asiatique” prisée dans les milieux en guerre. Les cultivateurs d'Adrar n'ont épargné aucun espace puisque outre les terres cultivables, ils ont même planté dans des endroits accidentés certainement pour échapper aux regards curieux et aux services de sécurité. Mais si Adrar s'est distinguée par cette indésirable exclusivité de la matière première de l'héroïne, pour les plants de cannabis, la palme revient à la wilaya de Béjaïa, particulièrement l'axe El-Kseur-Toudja, ce petit périmètre qui a connu les plus grandes découvertes de cette plante. En effet, sur les 17 659 plants de cannabis trouvés et saisis l'année dernière, 4 644 l'ont été dans la zone Toudja-El-Kseur. Les 24 454 plants de pavot ont été tous découverts dans différents endroits à Adrar. Pourquoi Adrar ? Le choix ne serait pas aléatoire. La proximité avec le Maroc pourrait bien avoir joué dans sa transformation en plate-forme de pavot. Réputée calme, loin d'attirer l'attention comme c'est le cas de Tlemcen et de ses communes limitrophes du Maroc, Adrar a été choisie pour servir d'une étape pour les réseaux marocains de narcotrafiquants qui ont étendu leur territoire et leur nomenclature de produits illicites en prenant attache avec les narcotrafiquants latino-américains pour les réseaux de cocaïne et les trafiquants asiatiques pour un échange héroïne contre cannabis. Les agriculteurs convertis d'Adrar pourraient bien faire de la sous-traitance pour les trafiquants marocains qui disposeraient de laboratoires mis en place depuis des années avec l'intensification de la culture du cannabis, premier produit d'exportation du royaume. Cela d'autant qu'il n'y a pas à proprement parler de marché algérien de cette substance. En ramenant la culture du pavot dans la région, les trafiquants voudraient certainement “doubler” les Orientaux soumis à de fortes pressions internationales et une surveillance dans les pays de transit. L'option pour un échange équitable, cannabis contre héroïne est possible. Les réseaux marocains essayent d'ouvrir de nouvelles pistes en passant par l'instable bande sahélienne. Des tentatives de transiter par le territoire algérien ont été enregistrées avec les énormes saisies, notamment celle d'Illizi en 2007. Les Marocains poussent alors encore plus vers le Sud pour éviter les services de sécurité et les gardes frontières. Djilali B.