Le Conseil national économique et social parle de retard préjudiciable dans la mise en œuvre des grandes réformes annoncées par les pouvoirs publics. La 22e session du CNES s'ouvre demain. Quatre projets de rapport sont au menu : le traditionnel rapport de conjoncture économique et social, la protection de la jeunesse (délinquance des mineurs), l'urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie et enfin la communauté algérienne établie en France. Concernant la conjoncture économique et sociale, le CNES note avec satisfaction le retour à la croissance qui rompt avec le cycle de la récession de ces dernières années. Ce constat tend également à réduire les contrastes et les paradoxes observés entre une aisance financière exceptionnelle et les faibles performances économiques et sociales. Cette croissance, du point de vue du CNES, reste tout de même insuffisante au regard des besoins économiques et sociaux longtemps comprimés. En outre, cette croissance est portée, essentiellement par le BTPH et les services. Le secteur industriel, notamment public, continue sa régression, en l'absence d'une politique industrielle basée sur une vision à moyen et long terme et d'un investissement significatif public en rapport avec les besoins en terme de renouvellement, de modernisation et de mise à niveau des équipements. Le CNES relève les hésitations en termes de mise en place d'organes à même de prendre en main les destinées des entreprises publiques dont la plupart, et de plus en plus, perdent leur part du marché. Résultat : le secteur industriel public affiche un indice de (-0,9%). Cette situation est d'autant préoccupante qu'elle s'ajoute au retard, préjudiciable, dans la mise en œuvre des grandes réformes annoncées par les pouvoirs publics, système financier et bancaire, fiscalité, commerce, foncier industriel, actifs dormants… Délinquance des mineurs A partir des données sur la délinquance des mineurs, durant les cinq dernières années, fournies par la DGSN, plus 47 700 mineurs étaient impliqués dont 26,5% en 2002. Une évolution de plus de 56% entre 1998 et 2002 est observée. La progression la plus significative concerne 2001 et 2002 avec un taux de l'ordre de 27%. Plus de 52% des victimes de 2002 ont subi des CBV (coups et blessures volontaires) et attentats à la pudeur. La tranche d'âge entre 16 et 18 ans représente 57,9% de l'ensemble des jeunes délinquants. Les 13 à 16 ans se situent en deuxième position avec 4 273 jeunes impliqués (33,7%). Il existe même des enfants délinquants de moins de 13 ans. Ils sont 1 050 à être impliqués. La répartition géographique révèle que le nombre le plus élevé des délinquants impliqués se situe à l'est du pays. La région ouest est en deuxième position. Par wilaya, Alger se situe en cinquième position après Batna, Oran, Khenchela et Constantine. Le CNES affirme que, sur un nombre de 9,5 millions de jeunes âgés de 6 à 18 ans, plus de 20% ne sont pas scolarisés. Plus on avance dans l'âge, plus la part des non-scolarisés augmente. Elle est de 41,6% pour les 13 à 18 ans et de 60,9% pour les 16 à 18 ans. Le nombre des exclus du système scolaire en 2002 dépasse les 420 000 dont 71% du cycle fondamental. La communauté algérienne en france L'INSEE a recensé en Europe quelque 99 000 chefs d'entreprise d'origine algérienne employant environ 2 200 000 personnes majoritairement en France. Le chiffre d'affaires consolidé de leurs sociétés dépasserait 100 milliards d'euros, selon les premières estimations. Le terrain de prédilection du plus grand nombre d'entre eux est assurément le commerce et la distribution. Mais ils sont également fort nombreux dans des branches telles que l'industrie électronique, l'informatique, l'expertise comptable, l'agro-alimentaire… En 1995, les Algériens représentaient 31,2%, soit près d'un tiers des commerçants étrangers en France. La grande majorité de ces commerçants sont dans l'hôtellerie. A Paris, un établissement hôtelier sur dix appartient à un Algérien. Le chiffre d'affaires annuel du commerce algérien en France est estimé à 25 milliards de dollars américains, dont 75% sont réalisés dans l'hôtellerie, la restauration et les cafés. Par ailleurs, selon une étude datant de 1995, l'épargne des capitaux “off-shore” de l'Algérie est estimée à 35 milliards de dollars américains. M. R.