Le document pointe du doigt les lenteurs dans la mise en œuvre des réformes structurelles. La vingt-quatrième session du Conseil national économique et social s'ouvre, aujourd'hui, avec au menu quatre importants rapports relatifs à la conjoncture économique et sociale, à l'économie informelle, au foncier (industriel, urbain et agricole) et au système d'information. Fidèle à son esprit d'autonomie et ses analyses critiques à l'égard des politiques gouvernementales, le CNES n'a pas succombé à “l'unanimisme” ambiant. C'est tout à l'honneur de cette institution que de préserver son libre arbitre dans son impartialité dans l'analyse et les conclusions en des temps où certains ont choisi l'anathème et d'autres les partis pris étroits, en guise de contribution aux débats qui concernent la société algérienne et la République. Au tableau des bonnes performances, le CNES confirme le raffermissement des indicateurs macro-économiques, le prolongement de la croissance économique, “exceptionnelle en 2003, comparativement aux résultats de ces dernières années”, le faible niveau de la hausse des prix et les résultats encourageants obtenus dans la lutte contre le chômage. Ces performances et d'autres que le CNES a mis en exergue n'excluent pas, aux yeux de l'institution, qu'il reste beaucoup à faire. “L'amélioration des indicateurs économiques et sociaux, à laquelle le Plan de soutien à la relance économique a beaucoup contribué, n'est toutefois pas parvenue à lever les incertitudes sur les perspectives à long terme, déterminées, en dernière instance, par les performances des entreprises et les stratégies qui permettent une insertion active dans l'économie”. Le CNES affirme qu'“on reste dans un contexte de projets et de programmation qui, non seulement ne permet pas de transmettre la croissance à différents secteurs et entreprises, mais encore, dans une situation d'incapacité à transformer les impulsions de croissance en dynamique de développement portée par des réformes structurelles”. Les raisons, avancées par le CNES, ont trait à la rupture des liaisons intersectorielles et des discontinuités du processus de production, aux lenteurs observées dans la mise en œuvre des réformes structurelles qui ankylosent davantage les mécanismes de production, aux limites des capacités nationales d'absorption et enfin à la faible implication du secteur privé. L'institution, que préside M. Mentouri, explique que l'économie nationale est en butte à un problème fondamental, celui de ne pas être capable de transformer les disponibilités financières importantes en capacités d'investissement et de ne pas être capable de créer des dynamiques d'entreprises et de capital. Les perspectives de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne et l'adhésion à l'OMC impliquent, selon le CNES, une véritable révolution dans les systèmes de production, de répartition, de gestion, de management et de gouvernance. Sur le plan social, le CNES souligne l'amélioration significative des indicateurs sociaux : le revenu brut des ménages a augmenté de 12%. La consommation des ménages a enregistré une hausse de 4,1%. Le taux de chômage a baissé de 27,3% en 2001 à 23,7% en 2003. L'épargne des ménages s'est améliorée substantiellement. Le Produit intérieur brut par habitant est passé de 142 083 DA en 2002 à 160 930 DA en 2003, soit une progression de 13,3%. Néanmoins, précise le CNES, “ces performances masquent la persistance de problèmes sociaux à l'origine de revendications soutenus qui interpellent les politiques en matière de répartition des revenus, d'amélioration de conditions de travail et de gouvernance”. M. R.