À moins d'une année de la fin du délai fixé pour l'achèvement du programme quinquennal présidentiel, force est de constater que les avis quant à la concrétisation des prévisions tracées dans le secteur de l'habitat sont partagés. La réalisation d'un million de logements risque de ne pas être au rendez-vous pour certains mais d'autres estiment que le pari sera gagné. Régler la crise ou du moins diminuer un tant soit peu la pression sur le logement n'est aux yeux de certains, pas pour demain. La problématique du logement cristallise à elle seule toutes les frustrations et la malvie de la société algérienne. Outre l'exode rural, le problème est aggravé par plusieurs autres facteurs. L'on peut citer l'absence d'un plan directeur d'aménagement du territoire, la lenteur et l'inadaptation des techniques de construction à l'origine de multiples retards dans la livraison des programmes immobiliers, l'inexistence de plans de financement de l'accession à la propriété tels que les crédits bancaires et les subventions publiques à l'autoconstruction… Le déficit de logement est quant à lui estimé à 1,2 million d'unités. L'autre contrainte a trait au foncier. Le programme des 65 000 logements de la Cnep, pour ne citer que cet exemple, a fait face à l'épineux problème de manque d'assiettes foncières pour sa réalisation. Hormis quelques wilayas qui ont offert des terrains, la majorité n' a pas pu en dégager. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a déclaré récemment : “Je pense que nous sommes bien lancés pour réaliser le programme d'un million de logements d'ici à 2009.” M. Nordine Moussa semble optimiste quant à la concrétisation de ce vaste chantier dans les délais arrêtés. L'évaluation avec les différentes structures décentralisées du secteur a montré, arguera-t-il, que 450 000 logements sont déjà livrés sur ce programme total. Plus de 500 000 autres sont en chantier. Néanmoins, une majorité des 26 000 entreprises algériennes activant dans le secteur du bâtiment ont montré leurs limites quant au rythme exigé pour respecter les délais impartis ainsi que la qualité du logement produit. Ces sociétés ne sont pas habituées et suffisamment équipées pour l'édification des tours de grande hauteur d'une quinzaine d'étages, du moins pour gérer de grands programmes. Leurs ouvriers manquent également de qualification pour ce type de projets. Le parc national avoisine actuellement les 6 millions de logements. Et si les programmes en cours sont réalisés dans les délais et le rythme escomptés, le parc sera, affirme le ministre, de 6,8 millions d'unités en 2009. Or, pour répondre à une demande sans cesse plus pressante, le pays doit construire au minimum deux fois plus de logements pendant le même laps de temps. Si le nombre de logements livrés a augmenté indéniablement, l'accès au logement reste problématique, les différentes formules AADL , LSP, FNPOS, LSL, n'ont pas gommé la grande pression enregistrée actuellement sur le bâti. L'autre challenge dans lequel se lance l'Etat à travers le programme présidentiel concerne la création de 2 millions d'emplois. Les dernières statistiques officielles indiquent une baisse du taux de chômage qui a été ramené à 12 % en 2007. Les progrès sont moins rapides sur ce plan en dépit des énormes investissements publics. À ce rytme, il serait difficile de parvenir à un taux à un seul chiffre annoncé par le gouvernement dès 2010. Au ministère de l'Emploi, l'heure est à l'optimisme. Selon le directeur général, l'Etat atteindra son objectif d'ici à 2009. Or, estiment certains observateurs, l'emploi précaire semble prédominant. Par ailleurs, on promet que 450 000 emplois destinés aux jeunes seront créés annuellement dans le cadre de la nouvelle stratégie de la promotion de l'emploi de jeunes et de la lutte contre le chômage. Cette stratégie sera mise en place dès le second semestre 2008. Une chose est certaine, pour concrétiser ces deux vastes chantiers, le défi sera difficile à relever. Les Algériens espèrent en revanche, que, pour cette fois, les promesses seront tenues... Badreddine KHRIS