Quelques heures seulement après une accalmie relative, les échauffourées ont repris, hier à partir de 10 heures entre les manifestants et les services de sécurité à travers l'ensemble du territoire du chef-lieu de la commune de Chlef, avant de s'étendre jusqu'à Chettia et Ouled Farès dans l'après-midi. Avant 10h, tout le monde croyait avoir affaire à un retour au calme progressif et à une situation tumultueuse depuis dimanche qui se normalise petit à petit. Les administrations et les établissements scolaires entre autres, avaient rouvert leurs portes dès 8h pour accueillir à la fois, toutefois dans des conditions de psychose, employés et élèves scolarisés. Parallèlement à cela, les agents des services de la voirie de l'APC poursuivaient leurs opérations de nettoyage et de dégagement des routes et des artères de la ville des pierres et des pneus enflammés outre des vitres brisées lors des scènes de violence provoquées la veille. Subitement, et précisément à 10h06, tout le monde criait au secours et lançait en direction des personnes et des automobilistes qui se trouvaient aux alentours du siège de la wilaya, qu'une foule immense composée de jeunes et de moins jeunes est en train d'avancer progressivement vers le centre de la ville à partir de la gare routière de Chlef. “Ils sont nombreux et tous armés de barres de fer et de pierres. Ils veulent s'attaquer aujourd'hui au siège de la wilaya et de l'APC. Ils lancent des propos offensant en direction de la police et des commis locaux de l'Etat”, crient de nombreuses personnes affolées en courant tout en incitant les autres à se sauver vers le côté opposé. Ayant entendu ces cris, les éléments de la brigade antiémeutes stationnés depuis la veille devant le siège de la wilaya prirent position afin de faire face aux émeutiers qui avançaient d'une façon rapide et dont l'immense brouhaha résonnait mystérieusement. Les magasins baissèrent rapidement rideau et l'affrontement entre policiers et émeutiers est déjà provoqué. Les manifestants lançaient des jets de pierres et des insultes en leur direction, et les policiers ripostaient en rejetant les mêmes cailloux et autres objets sur les émeutiers, et ce, juste avant l'arrivée des camions blindés qui les (manifestants) repoussaient vers le centre-ville. Ici, les émeutiers se sont acharnés sur le siège de la BNA dont ils ont détruit, au moyen de jets de pierres, la plus grande partie de sa façade vitrée. Les mêmes scènes de violence ont été enregistrés presque partout dans la ville de Chlef entre les deux parties, où des tirs de grenades lacrymogènes ont été utilisés afin de disperser les manifestants. À Chettia, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville de Chlef, les manifestants ont abominablement saccagé le bureau de poste de la localité avant de brûler l'ensemble des documents qui s'y trouvaient et pour finir, ils se sont emparés d'une importante somme d'argent, et de plusieurs microordinateurs. Pour le gardien du siège de direction de la formation professionnelle qui a été incendié hier, la situation est plus que dramatique. “Ils sont venus en masse et ont fait subitement irruption à l'intérieur de notre direction. Ils ont violemment tout brûlé à l'intérieur des bureaux avant de descendre au garage se trouvant dans la cave. Ici, ils ont incendié sept véhicules tous appartenant aux employés sauf un qui faisait partie de ceux de la DEFP. Cela s'est produit entre 12 et 13h30. Et ce n'est qu'à partir de 16h que les secours sont arrivés. Mais c'était trop tard, lance-t-il alors, toujours sous le choc. Nous venons d'apprendre que pas moins de 100 personnes qui avaient été arrêtées la veille par les services de sécurité ont été libérées hier, tout simplement parce qu'il s'agit de mineurs ou de malades. Quant à ceux qui sont toujours retenus, c'est la justice qui tranchera sur leur cas. À l'heure où nous mettons sous presse, les mêmes échauffourées se poursuivent à Chettia et à Ouled Farès. Quant à la ville de Chlef, elle était quasiment déserte dans l'après-midi d'hier. Ahmed Chenaoui