Ce dangereux individu avait été identifié par les services de sécurité algériens, quelque temps après les attentats qui avaient ciblé, le 11 avril 2007, le Palais du gouvernement et le siège d'Interpol de Bab Ezzouar. Une telle information ne peut passer inaperçue des deux côtés de la frontière, algérienne ou marocaine. La découverte du corps d'un contrebandier égorgé au village Ben-Drar, aux environs d'Oujda, sur le territoire du royaume chérifien, par les services secrets marocains, laisse perplexe plus d'un, d'autant que ces services iront jusqu'à anticiper sur son identité pour lui coller l'étiquette de “contrebandier”. De quoi s'agit-il exactement et pourquoi les services de sécurité marocains ont vite fait de “classer l'identité” de celui qui avait été pourtant bel et bien identifié par les services de sécurité algériens quelques jours après les attentats qui avaient ciblé, le 11 avril 2007, le Palais du gouvernement et le siège d'Interpol de Bab Ezzouar ? Curieux. Enigmatique personnage et portrait d'un véritable terroriste qui avait participé à l'acheminement d'importantes quantités d'explosifs vers l'Algérie depuis son pays d'origine, donc le Maroc, qui avaient servi à la préparation de ce douloureux double attentat d'Alger du 11 avril 2007. En effet, ce “contrebandier”, autrefois impliqué dans des affaires assaillantes, comme le trafic de kif traité et de la cocaïne, a non seulement participé “intelligemment” à l'introduction du TNT vers l'Algérie depuis le royaume chérifien, mais il était l'un des principaux relais des groupes armés affiliés à la branche d'Al-Qaïda au Maghreb. Pour preuve, son assassinat relève des contes de la crypte, sinon de la pure diversion qui suggérerait à l'opinion publique régionale que cet individu a été liquidé à cause de son appartenance à un quelconque cartel de trafic de drogue. Bizarre ! Mais le propos serait ailleurs puisque cet individu, ce “contrebandier” ou ce “terroriste” a bel et bien été tué pour effacer toute trace d'implication ou autre appartenance des islamistes intégristes marocains à la nébuleuse d'Al-Qaïda au Maghreb. Du coup, révèlent nos sources, l'assassinat de cet individu est directement lié à la stratégie de diversion des services de sécurité marocains qui veulent faire croire que cet homme n'était qu'un vulgaire narcotrafiquant qui grillait les frontières à tout bout de champ, avant qu'il ne fasse l'objet d'un règlement de comptes. Sans pour autant préciser si une enquête était alors diligentée pour faire la lumière, “toute la lumière” sur cet absurde assassinat. L'expérience algérienne en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière et transnationale étant prouvée, reconnue, voire sollicitée par les pays menacés par la nébuleuse d'Al-Qaïda, il serait difficile, voire impossible de faire avaler la pilule que cet homme, activement recherché par les services de sécurité algériens, ferait l'objet d'un vulgaire assassinat, sinon d'une liquidation pure et simple des services marocains, sur leur propre territoire, pour éloigner toute suspicion de l'existence d'une filière proche de Ben Laden au Maroc. Pourtant, à la veille des attentats d'Alger, des actions terroristes de moindre importance ont eu lieu au Maroc où Al-Qaïda avait revendiqué la paternité. FARID BELGACEM