Encore une fois, c'est la chaîne qatarie Al Jazeera qui sert de propagande terroriste en diffusant en boucle durant toute la soirée de mardi et la journée de mercredi des enregistrements vidéo du GSPC. Les images sont soigneusement choisies pour présenter l'organisation terroriste comme « une armée » et des « troupes » solidaires en bonne santé. Il est vrai qu'Al Jazeera n'est pas à sa première sortie, puisque la chaîne s'est même illustrée par la diffusion de communications téléphoniques de personnes se présentant comme étant les porte-parole du GSPC pour revendiquer les attentats terroristes. Ce traitement de l'information est fait sans aucune précaution d'usage ou vérification pour éviter que ce média lourd ne soit utilisé par les criminels pour lancer des messages de recrutement, mais également d'apologie des tueries abominables, comme celles des attentats kamikazes ayant fait 32 morts et plus de 200 blessés le 11 avril dernier à Alger. Les images retransmises par Al Jazeera sont des extraits d'un film fait par le GSPC, dénommé depuis septembre dernier Al Qaïda pour le Maghreb, montrant les préparatifs de ces attentats et Abou Moussaab Abdel Ouadoud, alias Abdelmalek Droukdal, émir de l'organisation, appelant ses éléments « au djihad ». Apparaissant en treillis militaire, une longue barbe noire, la tête recouverte d'un turban couleur kaki, à la taliban, deux kalachnikovs en arrière-plan, et la lecture du Coran comme fond sonore, Droudkal face à la caméra déclare : « Cette guerre est une croisade contre l'Islam. C'est une guerre entre l'infidélité et la foi. Celui qui manque à l'appel (du djihad) aura manqué la chance de sa vie et aura été privé de la récompense dans l'Au-delà. » Puis, des séquences montrant les trois kamikazes en train de lire en arabe leur testament ainsi que les préparatifs pour les attentats et les explosions perpétrées à la voiture piégée. Dans le communiqué revendiquant les attentats kamikazes et diffusés également par Al Jazeera, le GSPC annonce que c'est Mouâdh Ben Jabel qui, au volant d'un véhicule rempli de 700 kg d'explosifs, s'est fait tuer devant le siège du Palais du gouvernement, et Zoubir Abou Sajida a conduit celui, rempli de 700 kg d'explosifs, qui a percuté le « siège d'Interpol » à Bab Ezzouar. Or, ce bâtiment n'a pas été touché par l'attentat, puisque le véhicule a explosé plus tôt devant le commissariat de Bab Ezzouar. Le troisième attentat, qui a visé, selon le communiqué du GSPC, « le siège des forces spéciales de la police » à Bab Ezzouar, qui est en réalité la division Est de la police judiciaire (situé à proximité du commissariat), a été perpétré à l'aide d'un véhicule chargé de 500 kg d'explosifs, conduit par Abou Doudjana. La chaîne qatarie s'est attardée sur le message de l'émir de l'organisation terroriste faisant l'apologie du terrorisme, et précisant par la même occasion que les opérations suicidaires émanent « d'un choix stratégique » pour lequel son organisation a opté, que les cibles seront désormais bien réfléchies et qu'une liste de kamikazes est prête à passer à l'action. Le film se termine avec des images de quelques terroristes s'entraînant aux armes dans le Sahara, et d'autres traversant une rivière. Une manière de présenter le GSPC non pas comme organisation terroriste, mais plutôt comme « combattante ». Pourtant, les observateurs avertis n'hésitent pas à faire le lien entre la sortie de Abou Moussaab et les révélations faites cette semaine par des repentis de son groupe. Ces derniers avaient fait état de graves dissensions au sein de la direction du GSPC depuis les attentats du 11 avril dernier, au point où de nombreux proches de Droudkal ont fini par rendre les armes et se constituer prisonniers auprès des forces de sécurité. Le climat de bleuite qui s'est propagé au sein du groupe a poussé Abou Moussaab à revenir sur la scène et à se montrer, grâce à Al Jazeera, en chef incontesté. Ce que la chaîne qatarie n'a pas relevé par contre, le fait que le GSPC n'a filmé que les explosions des bombes et non pas les victimes qu'elles ont faites. Si Droudkal a bien voulu cacher ces morts, qu'il ne voulait pas montrer, Al Jazeera a joué le jeu en répercutant tel quel le document propagandiste qui fait l'apologie des tueries et du terrorisme. La chaîne n'a même pas relevé les contradictions contenues dans les déclarations de l'émir du GSPC, notamment lorsqu'il annonce, d'une part, que des kamikazes sont prêts à passer à l'action, et de l'autre, il appelle les jeunes « à profiter de l'unique occasion pour aller au paradis », en se faisant tuer. La sortie de Abou Moussaab n'a d'autre objectif que celui de calmer ses troupes et de redorer une image ternie par le sang des 32 Algériens morts et plus de 200 autres blessés en ce 11 avril. Le choix d'Al Jazeera pour tromper l'opinion publique n'est pas fortuit. Elle reste l'une des rares chaînes, pour ne pas dire unique, qui continue à alimenter le terrorisme en lui donnant une image de résistance...