La violence dans les stades a redoublé de férocité cette année et les matches arrangés ou teintés de complaisance se sont multipliés. Le rideau est finalement tombé sur le championnat national de football de 1re division, qui aura livré son verdict final fait de bonheur et de gloire pour certains clubs, à l'image de la JS Kabylie qui décroche son 14e titre national, et de l'ASO Chlef, vice-championne, maius aussi de cauchemar et d'amertume pour d'autres, particulièrement pour les trois clubs condamnés au purgatoire, en l'occurrence le WA Tlemcen, l'OM Ruisseau et surtout le MC Oran. Mais au-delà des résultats, des lauriers, des satisfecit et des déceptions, force est de constater que cette année, le football algérien aura vécu la saison de tous les dangers et de toutes les incertitudes. La violence dans les stades a redoublé de férocité les matches arrangés ou teintés de complaisance se sont multipliés, les accusations et les attaques en règle contre la FAF et la Ligue nationale auront pris de l'ampleur, alors que la crédibilité des arbitres aura pris encore un sacré coup. N'est-ce pas que le constat est amer et l'avenir de notre football s'obscurcit d'année en année. Et à défaut d'agir et de remédier à une situation aussi préoccupante, les décideurs du sport roi en Algérie, que ce soit la FAF, la LNF ou le MJS, donnent la nette impression de subir une sorte de fatalité qui s'abat sur le football national. L'argent a gangrené notre football, et la politique des résultats à n'importe quel prix auront accentué l'escalade de la violence dans les stades, et ce, sous le regard passif des autorités sportives. C'est certainement cette crise d'autorité qui est préoccupante dans la gestion de notre football car elle ne fait que favoriser la crise et la décadence d'un sport en mal de notoriété et d'intégrité. Si les “holligans” font la guerre dans les tribunes et aux alentours des stades, les joueurs jouent aux gladiateurs dans les arènes, voilà que même les dirigeants de club se livrent publiquement à des griefs et à des propos incendiaires entre eux ou à l'encontre des hautes structures footballistiques du pays sans que personne ne lève le petit doigt. Et lorsque toutes nos sélections nationales, toutes catégories confondues, se font éliminer à plate couture face à des équipes de seconde zone, la sonnette d'alarme devait être tirée depuis fort longtemps déjà. Mais lorsque notre équipe nationale pousse le bouchon jusqu'à évoluer dans un tout petit stade de banlieue parisienne pour bafouer les couleurs nationales comme elles ne l'ont jamais été, il y a sûrement péril en la demeure. Et si la pilule est déjà amère, c'est que la sortie de crise est tout aussi aléatoire car à défaut de réfléchir sérieusement à une thérapie de choc pour sortir notre football de son coma profond, voilà que l'on agite le spectre d'un “championnat à blanc” qui ne fera qu'anesthésier davantage un sport déjà bien inerte. En fait, l'optique d'un “championnat à blanc” n'est qu'une esquive de mauvais goût, ou encore une véritable fuite en avant des décideurs du football algérien. À défaut de s'attaquer aux véritables maux de notre football, on préfère baisser le rideau et entrer dans une grave hibernation qui ne fera qu'accentuer la déchéance du sport roi dans notre pays. Hormis quelques “républiques bananières” qui ont mis en veilleuse leur football national pour cacher leurs tares et leur impuissance à redresser la situation, aucune nation de football digne de ce nom ne s'est laissé aller à autant d'errance et d'égarement. Opter pour un “championnat à blanc”, c'est se bander carrément les yeux et tenter de “cacher le soleil avec un tamis” pour éviter d'affronter la réalité du terrain où doit se pratiquer le “jeu à onze” avec toute sa loyauté et surtout sa rigueur dans tous les domaines. Le pouvoir de décision footballistique (MJS, FAF et LNF réunis) a failli dans sa mission, et il est certainement temps d'apporter des changements radicaux à ce niveau du mouvement sportif national car, en fait, la base pratiquante n'est que l'image fidèle de la gestion prônée tout en haut de la pyramide. N'est-ce pas qu'il faudra donner un sacré coup dans la fourmilière et réfléchir à une véritable révolution pour secouer le cocotier, car les amateurs d'un championnat à blanc ne feront que “tirer des balles… à blanc” au lieu de “tirer à boulets rouges” sur tous ceux qui sont responsables d'un tel désastre. MOHAMED HAOUCHINE