Le psoriasis, forme sévère et rare d'eczéma, est une maladie méconnue en Algérie. Selon des statistiques officielles, quelque cent patients sont actuellement soignés en Algérie pour cette affection inflammatoire chronique de la peau. Mais l'Algérie ne dispose d'aucune étude épidémiologique sur le psoriasis, selon le professeur Aomar Amar-Khodja du service de dermatologie du CHU Mustapha-Pacha. Autrement dit, le nombre de patients souffrant du psoriasis n'est pas connu avec précision. En attendant, la centaine de patients recensés officiellement peine à accéder à des soins adéquats en raison de l'indisponibilité du Raptiva, seul traitement efficace contre le psoriasis existant actuellement. Le ministère de la Santé a alloué une enveloppe financière de plus de cent millions de dinars pour la prise en charge de ces patients, notamment pour l'achat des médicaments. Pourquoi ce médicament fait-il alors défaut à l'hôpital Mustapha où sont pris en charge la majorité de ces malades ? Selon le Pr Amar-Khodja, “il y a un problème de coordination entre l'achat et la livraison” de ce produit. Le médicament qui a été importé par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour le compte du chu Mustapha au mois de janvier dernier est toujours dans les locaux de la PCH, la directrice de la pharmacie du CHU Mustapha ayant émis des réserves sur la date de péremption de ce produit. Un argument battu en brèche par de nombreux spécialistes, qui estiment que le quota destiné au CHU Mustapha, dont la date de péremption allait être dépassée en juillet, peut être épuisé en moins de trois mois. “Le Raptiva reste un traitement efficace et est actuellement utilisé contre les formes très graves de psoriasis”, a précisé le Pr Amar-Khodja. Mais l'indisponibilité du Raptiva a contraint des malades à interrompre leur traitement. Il faut savoir que le psoriasis affecte 125 millions de personnes dans le monde dont 6 millions en Europe. Selon des études présentées lors de la 5e édition de l'Académie européenne de dermatologie et virologie (EADV), qui a eu lieu du 22 au 25 mai à Istanbul (Turquie), 44% des décès des malades atteints de psoriasis étaient dus à des facteurs cardiovasculaires et que le psoriasis réduisait l'espérance de vie de 10 années. “Cette maladie exige un traitement à long terme”, estiment les spécialistes présents à Istanbul. Une réunion entre experts et journalistes, venus de plusieurs pays dont l'Algérie, a eu lieu en marge du congrès européen consacré au Raptiva qui est le nom commercial du médicament Efalizumab des laboratoires Merck Serono, seule alternative thérapeutique actuellement pour les malades atteints de psoriasis. Il faut savoir que le psoriasis n'est pas mortel, mais à cause de ses symptômes, il peut altérer considérablement la qualité de vie. Cette maladie se caractérise par des plaques rouges qui se recouvrent d'épaisses squames blanches. Les coudes, les genoux, le bas du dos, le cuir chevelu, les pieds, les ongles ou les plis sont le plus souvent touchés. La sévérité de la maladie peut changer, alternant des poussées évolutives et des phases de rémission. Au-delà des préjugés qu'endurent les patients, certains souffrent d'une forme grave, avec des zones touchées plus étendues (parfois sur tout le corps) et des complications, en particulier rhumatismales. Rafik Benkaci