Deux autres prévenus ont été relaxés. Le soulagement était perceptible, hier, à l'énoncé du verdict. Le tribunal correctionnel de Tiaret a rendu, hier, son verdict dans l'affaire des six chrétiens jugés la semaine dernière pour distribution de livres chrétiens, offense à l'islam et pratique de culte sans autorisation et à l'encontre desquels le représentant du ministère public avait requis la peine de 2 ans de prison ferme assortie d'une amende de 500 000 dinars chacun. Après les délibérations, la sentence a été rendue positive pour deux des prévenus, à savoir K. Mohamed et H. Abdelkader, acquittés après disqualification des griefs retenus contre eux. Pour rappel, ces derniers avaient nié, lors du procès, leur appartenance au christianisme. Quant à M. S. Rachid, il a écopé de 6 mois de prison avec sursis et 200 000 dinars d'amende pour pratique sans autorisation d'une religion autre que l'islam et évangélisation, alors que R. A., S. D., et B. Chabane ont écopé de la peine de 2 mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 100 000 dinars. Cependant, la perceptible inquiétude qui se lisait sur les visages des accusés, ainsi que de leurs amis et proches, avant l'annonce du verdict, s'était métamorphosée en un mine d'allégresse patente tant le fardeau moral supporté ces derniers jours se voulait lourd et insupportable. “Je sentais déjà des sueurs de joie quand j'entendis le juge annoncer l'acquittement de Mohamed et Abdelkader”, nous avoua, à la sortie du tribunal, l'un des condamnés. “Nous n'avions, à aucun moment, caché ni nié notre appartenance religieuse. Mais pour ceux qui nous ont jugés, avouer être chrétiens consistait à reconnaître notre implication dans un délit, ce qui nous a valu cette sanction”, soutiendra un autre qui enchaînera plus loin : “D'où pourrais-je avoir cet argent de l'amende ?” S'agissant de l'impression d'un autre condamné, elle s'illustre par une référence au rituel de la religion qu'il porte dans ses veines, comme il voulait le signifier, qui est orienté vers le pardon et l'engagement à rectifier l'attitude fautive. “Néanmoins, je ne vois pas exactement à quel délit avions-nous affaire sinon que celui de choisir notre religion”, avait-il conclu. Par ailleurs, concernant Me Khalfoun, assurant la défense des accusés, que nous avons pu joindre par téléphone, elle compte fermement interjeter appel dans la mesure où le verdict est perçu d'une manière quelque peu confuse. “Si le tribunal avait acquitté Mohamed et Abdelkader, c'est tout simplement parce qu'ils avaient affirmé, devant le juge, n'avoir aucun lien avec le christianisme et qu'ils sont d'appartenance musulmane. Ce qui montre, encore une fois, que mes clients sont condamnés spécifiquement pour pratique d'une autre religion autre que l'islam”, affirmera-t-elle. Et d'ajouter à propos des condamnés : “Bien que le verdict paraisse, aux yeux des autres, quel que peu clément, je maintiens que le résultat est couvert d'un sentiment mêlé d'amertume et d'exaspération, celui de ces jeunes qui portent une foi”, avait-elle conclu avant de réitérer son intention de faire appel dans les délais requis. R.SALEM