La décision du tribunal correctionnel de Tiaret de reporter le verdict, prévu pour avant-hier, de l'affaire de K. Habiba, condamnée à trois ans de prison ferme lors du procès du 20 mai dernier pour pratique d'une religion autre que l'islam, a été contestée par l'avocate de la défense. C'est hier, en effet, que Me Khalfoun a officiellement signifié un appel à la cour pour révision du dossier. “La décision du juge de reporter le verdict pour complément d'informations est inconcevable puisque l'on comprend que le tribunal voulait, par ricochet, gagner du temps et calmer les esprits autour de cette affaire qui a pris une ampleur inattendue”, nous dira Me Khalfoun, qui espère de l'instance compétente la requalification des faits pour aboutir à un nouveau procès. Dans le cas contraire, la défense de Habiba affirmera plus loin que le dossier aboutira à un appel de deuxième degré. Cependant, dans le courant de cette affaire qui a suscité des réactions, tant au niveau national qu'international, le tribunal de Tissemsilt devait juger, hier, deux jeunes hommes dans un procès en appel portant sur des délits de pratique de culte non musulman pour distribution de livres chrétiens, offense à l'islam et pratique de culte sans autorisation similaire. Au passage, il y a lieu de préciser que ces derniers, en l'occurrence Rachid et Djalal, faisaient aussi partie du groupe jugé à Tiaret. Néanmoins, le procès qui n'a pas eu lieu pour manque de casiers judiciaires des concernés dans le dossier, est reporté au18 juin prochain. Quant à la genèse de cette affaire, elle remonte au mois d'avril 2007 quand les accusés, deux informaticiens de 36 et 40 ans, ont été surpris à Tissemsilt, dans un barrage de la gendarmerie, en possession d'un lot de livres de littérature chrétienne et de CD. Plus d'une année après, voire la semaine dernière, l'un d'eux se fera arrêter par la gendarmerie de Bouira qui lui a signifié que lui et Rachid étaient condamnés par défaut à deux ans de prison ferme et à une amende de 50 millions de centimes. Il sera transféré à Tissemsilt où il a passé quatre jours en taule avant d'être libéré dimanche dernier après avoir émis un appel. Par ailleurs, les deux accusés assistés de leur défense, Me Khalfoun en l'occurrence, étaient présents au tribunal de Tissemsilt. R. SALEM