Le secteur des agences de voyages en Algérie est à la traîne par rapport aux autres secteurs mais, surtout, à l'ensemble de l'industrie touristique, pourtant elle-même à l'état embryonnaire. Les professionnels, du moins ceux de la région est du pays, l'ont découvert, à leurs dépens, le 1er juin dernier, date d'entrée en vigueur du e.ticket. L'opération a été généralisée par les compagnies aériennes et les systèmes de réservation, dont Amadeux, à tous les opérateurs sauf aux agences de voyages algériennes. Cette véritable douche froide s'avère nécessaire dans la mesure où elle tire la sonnette d'alarme, et il est encore temps, sur “le retard managérial” cumulé par les agences algériennes appelées à faire face, à l'instar de l'ensemble de l'économie du pays, à la tombée des barrières protectionnistes au plus tard en 2013. Le même jour, soit le 1er juin dernier, coïncidence du calendrier, le ministre du Tourisme et de l'Environnement lançait, depuis Alger, le plan qualité tourisme destiné, entre autres, aux agents et voyagistes algériens. Autrement dit, les pouvoirs publics sont conscients du mal et tentent d'y apporter les remèdes adéquats. À une échelle régionale, hier, le siège de la Chambre de commerce et d'industrie du Rhumel, qui chapeaute plusieurs wilayas de l'Est du pays, a abrité une rencontre dédiée, justement, à la mise à niveau des agences de tourisme et de voyages. Plusieurs opérateurs locaux ont pris part au conclave consacré à la vulgarisation du dispositif. Ainsi, ce sont deux départements ministériels, celui en charge du Tourisme et celui de la Petite et Moyenne entreprise, qui sont au chevet des voyagistes algériens. Si le plan de M. Cherif Rahmani tente de traiter la question de la qualité dans le secteur du tourisme par une approche macro-économique, le plan de M. Benbada, lui, propose une approche managériale et systémique. Du coup, le chantier de la mise à niveau du secteur du tourisme est ouvert sur deux fronts. Le micro-économique, soit les fonctions de l'entreprise touristique et ses relations avec son environnement immédiat. Le macro-environnement, qu'on peut identifier à l'environnement politico-légal dans lequel agit l'entreprise. À travers sa double initiative, le gouvernement cherche à offrir aux agences de voyages les moyens, notamment immatériels, soit les audits et la formation, à même de le aider à s'intégrer dans le marché régional, pour ne pas dire mondial, de la distribution des produits touristiques, afin qu'elles soient prêtes à la rude concurrence qui s'annonce avec l'échéance de 2013. Les objectifs du plan tourisme 2025, présenté lors des dernières Assises internationales d'Alger, sont aussi un autre terrain de motivation. En adhérant aux deux démarches, volontaires et participatives, l'agence de voyages algérienne bénéficie d'un diagnostic exhaustif de ses forces et faiblesses. Des experts externes l'aideront à identifier les atouts et les menaces de son environnement. Elle disposera, de fait, d'un plan de mise à niveau et d'un accompagnement sans débourser des frais de sa part. Mieux, dans le secteur des voyages, c'est toute une révolution managériale qui est attendue. Plusieurs experts parlent, d'ailleurs, de redressement plus que de mise à niveau. Sans les deux plans qualité, rares sont les agences de tourisme de droit algérien qui survivront à l'ouverture du marché aux opérateurs étrangers plus puissants financièrement. C'est aussi une occasion pour les agences de voyages, en contact avec des consultants externes, de plaider pour que les pouvoirs publics assainissent le dispositif législatif pour le rendre plus pragmatique. L'Etat, qui dispose lui même de son propre plan qualité présenté le 1er juin dernier au Hilton d'Alger par le ministre du Tourisme, est appelé à passer du stade des plans — missions, genre assurer le bon accueil, au stade de la mise en place des procédures claires, quantifiables, vérifiables et faciles à auditer. Les deux programmes sont complémentaires. L'un est orienté vers l'image du produit Algérie, l'autre vers le voyagiste appelé à produire et commercialiser ce produit, soit la destination Algérie. Les deux initiatives exigent une même condition, un véritable état des lieux sans complaisance. Souvent, la pire décision est la bonne solution prise sur un faux problème, ne cessent de répéter les spécialistes des mises à niveau de par le monde. Mourad KEZZAR