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Les destinations préférées des algériens
VACANCES À L'ETRANGER
Publié dans L'Expression le 19 - 07 - 2007

Aimant souvent voyager par route, les Algériens sont de plus en plus nombreux à visiter la Tunisie.
Vive les vacances! Vive le repos! Qu'ils rêvent de fuir le tumulte ou souhaitent prendre le temps de souffler, les Algériens sont de plus en plus nombreux à voyager. La Grèce, le Maroc et la Turquie sont les destinations les plus prisées en période estivale. Il reste que, généralement, l'endroit le plus convoité par les estivants est bel et bien la Tunisie. Ce pays a, indéniablement, gagné le coeur des touristes algériens qui, depuis des années, le préfèrent à d'autres pays pour y passer leurs vacances. En effet, les Algériens sont manifestement tombés sous le charme des plages et des complexes touristiques tunisiens. Le nombre de touristes algériens qui choisissent cette destination pour leurs vacances ne cesse d'augmenter, passant de 811.000 estivants en 2003 à 914.000 en 2004 et 930.000 en 2005. En 2006, sur 1,6 million d'Algériens qui se sont rendus à l'étranger, 57% ont choisi la Tunisie. C'est une croissance à deux chiffres enregistrée à fin 2006, soit +1,6% par rapport à l'année 2005. Les Algériens se rendent en Tunisie individuellement ou en famille (composée de six personnes en moyenne et dont les dépenses sont estimées entre 2000 et 2500 euros). La durée d'un séjour moyen est de 10 à 15 jours. Fait nouveau: de plus en plus de jeunes couples choisissent de passer leur voyage de noces en Tunisie. Nabeul, Hammamet et Sousse sont en passe de devenir les villes de prédilection des tourtereaux algériens. Mais la particularité des touristes algériens réside dans leur régularité. Ceux-ci, réputés être assez dépensiers, participent surtout à faire tourner la machine touristique tunisienne. Si l'on supposait qu'un touriste algérien dépense en moyenne 200 euros lors de son séjour, la Tunisie aurait empoché, en 2006, plus de 200 millions d'euros!
Dubaï, nouvelle destination
Si la Tunisie, le Maroc, la Turquie, l'Egypte, le Liban, la Grèce, entre autres, sont les produits proposés par les différentes agences touristiques, on note que de nouvelles destinations, comme Dubaï, sont de plus en plus prisées. Ainsi, certaines agences se sont spécialisées dans ces destinations plus ou moins exotiques. C'est le cas de l'agence Adel Voyage, sise boulevard Mohammed V à Alger, qui, après exploration de plusieurs sites dans différents pays, a porté son intérêt sur Dubaï. «Les tarifs sont chers pour les Algériens, mais nous tentons, avec tous les moyens et des tarifs spéciaux, de convaincre les estivants de choisir cette destination», nous a déclaré la directrice de cette agence, qui a enregistré pour l'instant, une centaine de demandes. Un nombre jugé important en ce début de saison estivale. Malgré la forte chaleur qui caractérise le pays, il y a de plus en plus de curieux qui aimeraient visiter ce pays. Dubaï connaît, depuis quelques années, un développement hallucinant en termes d'infrastructures touristiques, avec des projets grandioses, comme le Palm Island Resort ou l'hôtel Burj-Al-Arab. En fait, les touristes, en particulier les Algériens, sont attirés aussi par le Festival du shopping organisé annuellement par ce pays. «Nous devons nous montrer aimables mais surtout accrocher le client sur les prestations de services fournies, en insistant notamment sur le rapport qualité-prix», a encore indiqué la directrice de l'agence.
Si les séjours à l'étranger fonctionnent bien, du point de vue des agenciers, il y a, en revanche, une destination qui n'attire pas du tout le touriste algérien, son propre pays. «Nous n'avons aucune demande pour des séjours à l'intérieur du pays.» Cette phrase, nous l'avons entendue de plusieurs responsables d'agences de voyage. Pourtant, le pays recèle de grandes richesses touristiques. Les villes du littoral sont tout aussi sublimes que les villes de Tunisie. Pourquoi préfère-t-on voyager ailleurs? Tout simplement parce qu'un séjour en Tunisie revient moins cher. Surtout si le voyage se fait par route. «Les Algériens peuvent se permettre de passer des vacances en Tunisie ou au Maroc à moindres frais qu'en Algérie», nous a déclaré un représentant de l'agence Flams Tour, située à El Harrach. Selon lui, un séjour à Jijel peut dépasser 40.000DA alors que le même séjour en Tunisie est estimé à 32.000DA.
L'offre attractive, les prestations de services et les traditions touristiques de ce pays sont autant d'atouts qui attirent, chaque année, des milliers d'Algériens en quête d'espaces de farniente et de villégiature à des prix abordables. Des prestations qui ne sont (peut-être) pas offertes dans notre pays. Malgré les efforts consentis dans le nettoyage des plages et la réhabilitation des hôtels, beaucoup de personnes gardent une image négative des infrastructures touristiques nationales. En réalité, ce qui fait la différence, c'est qu'il n'existe pas de culture touristique ni d'infrastructures idoines, comme c'est le cas en Tunisie. Le tourisme est aujourd'hui une activité commerciale, lucrative qui demande, outre l'expérience dans le domaine, le professionnalisme qui, souvent, fait défaut en Algérie. C'est une réalité qu'il faut bien prendre en compte si l'on veut améliorer l'image touristique de l'Algérie, dédaignée par ses propres habitants.
Aussi, les agences de voyage sont unanimes à affirmer que l'Algérie est le seul pays du Maghreb à vivre ce flux de voyages vers l'étranger. Les Tunisiens et les Marocains préfèrent passer leurs vacances chez eux. Mais ce sont des pays très réceptifs, contrairement à l'Algérie. Selon le responsable d'une agence, il est «essentiel que l'Algérie développe sa politique de tourisme nationale pour attirer les touristes étrangers et nationaux, mais le déplacement des Algériens vers l'étranger reste important». Le tourisme en Algérie doit prendre en compte les préoccupations des vacanciers. Encourager un tourisme intégré et développer une stratégie commune pour la sauvegarde de la nature et des paysages demeurent une priorité absolue. Il faut commencer par réaliser des guides et des cartes pour les touristes afin de leur faciliter le déplacement à travers le pays, leur faire connaître ses dimensions écologique, culturelle et historique et les particularités de la randonnée pédestre. Il est à signaler que des investissements importants sont annoncés dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie dans l'optique de diversifier les marchés, les modes d'hébergement et l'offre touristique. Il y a également la mise à niveau des établissements hôteliers avec l'aménagement de nouvelles zones touristiques en vue de défendre la destination touristique algérienne. Et si les régions côtières ont accumulé beaucoup de retard au cours de ces dix dernières années, elles comptent bien retrouver leur lustre d'antan.
Les clients se font rares
Les agences de voyage sont de plus en plus nombreuses, près de 680. La plupart offrent des séjours variant entre 4 et 15 jours vers plusieurs pays du Maghreb, d'Europe et du Moyen-Orient. Elles s'occupent de l'achat des billets d'avion, de la réservation des hôtels et assurent le transport vers l'aéroport d'Alger. La saison estivale est une période qui devrait être très rentable et active pour ces agences. C'est le moment où elles font fructifier leur chiffre d'affaires. Mais, pour la majorité, les clients ne s'y bousculent pas. Les raisons sont multiples. Il y a d'abord le problème des visas touristiques qui sont souvent inaccessibles aux agences de voyage. Leur travail se complique davantage lorsqu'il s'agit de répondre à une clientèle exigeante et qui s'intéresse à l'Europe. Seul un dossier sur 10 est accepté. C'est ce qui pousse les agences de voyage à limiter leurs circuits aux seuls pays qui leur facilitent l'obtention du visa, comme la Grèce et l'Egypte. Ce sont surtout les dossiers de familles qui posent problème. Certaines ambassades accordent les visas à certains membres d'une même famille et le refusent à d'autres. «Toute la famille se retrouve coincée et renonce au voyage», nous font-ils remarquer. Ce qui remet en cause la crédibilité des agences de voyage. Pour éviter ces problèmes, les agenciers essaient d'organiser des voyages individuels pour ceux qui disposent de visa, en prenant toutes les autres démarches en charge. Les agences de voyage se plaignent, également, du manque de «sérieux» des clients. Selon la directrice de l'agence Adel Voyage, beaucoup d'entre eux font des réservations dans plusieurs agences en même temps. Ils sont nombreux aussi ceux qui font toutes les démarches et se retirent du programme à la dernière minute. Les Algériens ne programment pas leurs vacances, ils se décident à la dernière minute, ce qui rend la tâche difficile aux agences de voyage. Les premières inscriptions sont enregistrées fin juin et s'accumulent jusqu'à la fin de la première semaine de juillet. Mais les clients se font de plus en plus rares, selon tous les agenciers. Ceux qui partent en vacances à l'étranger sont, pour la plupart, des couples qui convolent en justes noces, ou des familles plus au moins aisées. L'autre obstacle qui entrave la mission des agences, ce sont les dépenses.
Il est vrai que les agences proposent des séjours à des prix concurrentiels, mais les dépenses, quant à elles, sont importantes. Toutefois, les problèmes que rencontrent les agences de voyage sont concomitants vu leur multiplication, qui tout en posant un problème de choix pour la clientèle, éparpillent les revenus de ces agences d'où le manque à gagner. Qui fait les meilleures offres? Quelles sont les destinations proposées par les unes et les autres? Quel est le meilleur rapport destination-prix? Quels sont les services fournis? Ce sont, entre autres, les questions des clients adressées aux agences de voyage. L'exigence qualité-prix est un refrain qui revient souvent.
Une situation qui ne peut, d'ailleurs, qu'être favorable aux agences les mieux équipées et aussi les plus sérieuses. Il y a l'autre revers de la médaille. Celles qui ont opté pour une clientèle de «qualité», pour la haute sphère sociale, sont confrontées aujourd'hui à de véritables problèmes financiers.
Elles font face aux impôts, aux factures salées de téléphone et autres dépenses supplémentaires. La dégradation des conditions de travail d'une grande majorité des agences de voyage poussera celles-ci à exercer dans la clandestinité. Mais peut-être, faudra-t-il passer par là pour professionnaliser un secteur qui reste un important pourvoyeur de plus-value pour le pays.


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